L’expérimental, un mot qui recouvre un champ artistique très large, un mot qui fait souvent peur, intrigue ou laisse indifférent. Les Toulousains pourront retenter l’expérience du 13 au 29 mars pour la 16ème édition de Traverse Vidéo, une rencontre unique dans un univers encore très peu exploré.
Le partage. C’est vraiment ce qui a motivé Simone Dompeyre, enseignante en cinéma au Lycée des Arènes et créatrice de cette rencontre. Car il s’agit bien d’une rencontre et non d’un festival qui se terminerait par une remise de prix, selon la fondatrice de l’événement, opposée au « marketinage » de l’art.
Pour cela, pratiquement toutes les projections vidéos, installations, expositions et performances sont gratuites. Eparpillées dans la ville et accessibles en métro, l’excuse du porte-monnaie ou de la place de parking n’est donc pas valable. Ainsi, pendant quatre jours intenses, Traverse Vidéo se présente comme un marathon à travers le centre-ville de Toulouse. A certains moments de la journée, les artistes proposent des performances par-ci et par-là, occupant l’espace urbain, comme pour guider les plus curieux vers la prochaine oeuvre. De la cinémathèque à l’Octal, en passant par le Goethe Institut, l’Esav, le centre Bellegarde et les Abattoirs, un chemin expérimental se trace, offrant la possibilité d’admirer des travaux à la fois d’étudiants et d’artistes plus expérimentés.
« Je tiens également à ce qu’il y ait des films d’ici et d’ailleurs« , ajoute Simone Dompeyre. Canadiens, Russes, Allemands, Coréens, Iraniens, Birmans, Grecs, les artistes reflètent la diversité de Traverse Vidéo et chacun peut ainsi raconter des histoire(s), thème de cette année. L’Histoire avec un grand H, la résistance des jeunes juifs, l’histoire de l’Art, les histoires amoureuses, l’appropriation de certains mythes, l’histoire d’Algérie, l’oeuvre de Tarantino, l’histoire qui se répète. Des oeuvres qui se répondent, s’enchaînent et s’entremêlent. Le travail de toute une année pour Simone Dompeyre qui sélectionne les oeuvres, une véritable « couture » en amont pour déterminer quel court métrage sera cousu à l’autre.
Quelle place pour l’expérimental ?
Si le public, les fidèles et les propositions ne cessent d’augmenter d’année en année, les finances n’ont pourtant pas changé. Avec une seule employée et quelques bénévoles, « il faut se battre constamment« , regrette Simone Dompeyre, dont la motivation est, malgré tout, toujours au rendez-vous. Tout le monde est logé chez l’habitant, pour une expérience qui se veut, certes conviviale, mais également économique.
L’explication financière mise de côté, l’expérimental est également un art qui intrigue, qui se réalise contre l’extrême codification ; c’est à la fois le champ du possible et de l’impossible, une sorte de rupture du quotidien, ce qui peut laisser perplexe un spectateur non averti. « On peut devenir adepte, mais évidemment cela demande un effort« , avoue-t’elle. L’expérimental n’est donc pas consensuel et c’est bien là que la difficulté de l’acceptation par le grand public se pose.
Et si Traverse vidéo essaie de réunir le plus de personnes possible, c’est bien parce qu’ « on ne peut raconter un film expérimental, il faut le voir et le ressentir« , insiste Simone Dompeyre. Elle conclut : « L’expérimental continue de faire peur alors que c’est un champ d’ouverture qui enrichit l’esprit. Et si tout était facile, quel serait l’intérêt ? J’espère juste que c’est un art à venir« .
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de Traverse Vidéo