Jean-Claude et Richard, deux jeunes Toulousains, ont créé en décembre dernier l’association Roule petit Ougandais. L’idée ? Permettre aux jeunes amateurs de skate de Kampala de pratiquer leur passion. « Univers-cités » a rencontré l’un des auteurs du projet.

Univers-cités : Parlez-nous de l’association, quel en est le principe ?

Jean Claude Geraud : L’idée est d’apporter du matériel aux jeunes skateurs ougandais : du neuf ou d’occasion mais, en tous cas, leur permettre de progresser. On aimerait aussi échanger nos manières de pratiquer cette passion. Nous, ici, avec internet, on peut visionner des vidéos de skate pour regarder les figures et progresser mais eux n’ont pas toutes ces sources d’informations.

Comment est née l’idée ?

Comme tous les matins, je visitais les sites internet de skate et je suis tombée sur une vidéo sur laquelle on voyait des Ougandais qui skataient au milieu de la brousse. Ils avaient créé un skatepark avec les moyens du bord : avec des galets et de la terre glaise. J’ai eu un coup de cœur. Je me suis dit : « c’est là qu’il faut que j’aille, il faut que j’aille aider ces personnes ». J’en ai parlé à un ami et on a décidé de monter l’association ensemble. On est très vite entré en contact avec le réalisateur de ce reportage, le Suisse Yann Gross, et le président de l’association Uganda skateboard union.


Uganda Skateboard Union par yanngross

Parce qu’il existe-t-il déjà une aide étrangère pour les skateurs ougandais ?

Oui. Quelques magasins donnent déjà un peu de matériel à Uganda skateboard union. Mais le président est ravi que d’avantage de personnes s’y intéressent.
Ce qui m’a touché, c’est qu’ils n’ont pas la même manière que nous de skater. Ils ont plus l’esprit créatif puisqu’ils ne connaissent pas les figures. Quand on ira sur place, on aura un échange : ils nous montreront leur manière de faire et nous, on leur montera des figures un peu plus conventionnelles. L’idéal serait d’offrir un véritable suivi, d’aller sur place plusieurs fois.

L’Ouganda n’est pas connu comme une terre de skateboard. C’est le cas ?

Jean-Claude Geraud par Julien RoubinetNon, pour le moment il y a environ une trentaine de skateurs dans cette association, située à Kampala, dans la capitale. Mais maintenant, les Ougandais vont se mettre à skater ! Grâce au skate, les jeunes trainent moins dans la rue, ça les sort un peu de leur misère. L’association a été créée pour les occuper et les canaliser. C’est pour cela aussi que le président d’Uganda skateboard union nous a demandé de l’aider à construire une maison de jeunes quand on ira sur place. Après le skate, ils auront encore un lieu pour se retrouver au lieu de rester dehors.

Tu skates depuis combien de temps ?

Depuis dix ans. Quand j’étais jeune je faisais du foot mais ça m’a énervé. L’entraineur était à fond dans l’esprit de gagne, la compétition. Au bout d’un moment, j’en ai eu marre parce que je ratais tout le temps les anniversaires puisque les matchs étaient toujours le samedi. J’ai donc arrêté. Ensuite, mon meilleur pote faisait du skate depuis longtemps et j’allais le voir dans les compétitions, pour l’encourager, faire la groupie un peu. Il m’a demandé : « mais pourquoi tu t’y mets pas toi ? ». J’ai commencé, et après c’est devenu comme une drogue. A chaque fois que tu apprends de nouvelles figures, tu as envie de progresser. Maintenant, c’est ma passion.

Richard Schenten par Julien Roubinet

Le skate, c’est coûteux : chaussures et planches s’abiment très vite.
Pourquoi ne pas développer un sport qui demande moins de moyens ? Comme le foot par exemple !

Le skate ce n’est pas du tout comme le foot. Le skate, c’est une famille un peu. On a nos codes, notre style de vie. Et aujourd’hui, avec mon ami, on veut faire monter notre art. Beaucoup de personnes ont de mauvais a priori et voient les skateurs comme des drogués qui font du bruit et embêtent les passants dans la rue. Sauf que non ! Par exemple, nous, on skate dans la rue seulement parce qu’il n’y a pas d’infrastructure décente à Toulouse. Ici, les skateurs sont obligés d’aller à Saint Sulpice (ndlr : dans le Tarn) ou ailleurs aux abords de la ville. On essaye de redorer le blason du skate. Nous sommes des gens normaux et non des délinquants.

Comment allez-vous trouvez des fonds ?

Grâce aux sponsors, mécènes et particuliers. Nous n’avons pas encore terminé le dossier de sponsoring mais nous avons plusieurs pistes. En tant que skaters, nous sommes déjà tous les deux sponsorisés par un skateshop toulousain. On tente de multiplier les interviews pour nous faire connaître du grand public. Plusieurs personnes nous ont contactés pour nous aider : des magasins de skate notamment. Ensuite, on va essayer d’organiser une collecte de skateboard et de matériel, à l’occasion d’une compétition par exemple. On a des contacts avec des graffeurs célèbres comme Little Madi, qui vont nous faire des planches en édition limitée. On est à 200%, on a des contacts, c’est à nous de se bouger maintenant !

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Reportage de Yann Gross