Une centaine de chauffeurs de taxis manifestait, ce mercredi 24 janvier, dans le centre-ville de Toulouse et son périphérique, contre une réforme du transport sanitaire.

Aux abords du Pont Guilheméry à Toulouse, des détonations de pétards fusent près des dizaines de taxis arrêtés sur la route. Les habitacles des voitures bloquant le passage sont vides. Leurs conducteurs ont délaissé leur véhicule de travail pour se réunir devant le bâtiment de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Haute-Garonne. Les chauffeurs de taxi présents attendent : les négociations entre leurs dirigeants syndicaux et les responsables de l’Assurance maladie sont en cours. 

En jeu : une réforme du transport sanitaire. La CPAM souhaite imposer le transport groupé de patients, avec une date limite fixée au 1er février pour signer un nouvel accord, sous peine de déconventionnement. Les chauffeurs de taxi dénoncent le manque de précision sur les tarifs proposés dans une nouvelle convention. « Ils veulent nous faire signer un chèque en blanc« , déplore un manifestant présent devant la CPAM. « Ils souhaitent que l’on signe la prochaine convention sans connaître le prix que l’on pourra appliquer au kilomètre et pour chaque transport médicalisé effectué.« 

Augmentation des charges 

Frédéric, 59 ans, exerce le métier depuis 22 ans et effectue des transports de patients depuis ses débuts : « Cela se passait relativement bien jusqu’à maintenant. Il y avait des réunions entre les CPAM et les organisations professionnelles, on négociait, tout se passait bien. Aujourd’hui, tout d’un coup, la CPAM décide de nous imposer une marche à suivre sans nous demander notre avis. C’est inacceptable.« 

Il n’est conducteur que depuis six ans mais Yacine, 47 ans, observe déjà, de manière plus générale, une dégradation de ses conditions de travail :  « Il y a trop de charges. Tout a augmenté de 20 à 25% : le prix des véhicules, le prix du carburant… À côté, nos prix n’augmentent que de 2 ou 3 centimes par an. C’est franchement indécent. »

En milieu de journée, des dizaines de taxis ont bloqué la circulation sur les allées Jean-Jaurès.

Un mouvement reconductible 

Inquiets pour la viabilité économique de leur activité, les professionnels se mobilisent toute la journée : opération escargot au départ de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, circulation au ralenti sur les deux périphériques toulousains et immobilisation en centre-ville, principalement sur les allées Jean-Jaurès. Une journée sans travailler, donc, mais indispensable selon Frédéric : « Pour nous, cela représente un manque à gagner. Mais à un moment donné, il faut savoir perdre de l’argent et de notre temps de travail pour pouvoir savoir ce qu’il en est, vers où nous nous dirigeons.« 

La mobilisation de ce 24 janvier s’inscrit dans la continuité du mouvement de grève entamé en décembre 2023. Reconductibles, comme l’ont assuré les professionnels présents, les manifestations pourraient même se joindre à celles des agriculteurs.

Photos : Anaïs Chesnel.