Ce mardi 18 mars, la candidate LR à la présidentielle Valerie Pécresse était au Centre des congrès Pierre Baudis pour redonner une impulsion à sa campagne. Pourtant, malgré un meeting très offensif envers Emmanuel Macron, la défaite semble déjà dans toutes les têtes du côté des militants.

Le temps des grands meetings de la droite traditionnelle à Toulouse semble loin. Hier soir au Centre des congrès Pierre Baudis, un peu plus de 1 000 militants étaient au rendez-vous pour supporter Valérie Pécresse. Bien loin des 5 000 personnes réunies au Zénith de Toulouse par François Fillon en 2017 , et environ dix fois moins que les 11 000 militants présents en 2012 pour venir voir Nicolas Sarkozy au parc des expositions de la Ville Rose.

Dès le départ et malgré une ambiance festive, la dynamique négative enregistrée depuis plusieurs semaines semble belle et bien présente dans les esprits. Créditée au deuxième tour aux sortir de sa victoire face à Éric Ciotti lors du congrès LR, Valérie Pécresse stagne désormais péniblement au dessus des 10% d’intentions de vote, à environ trois semaines du premier tour.

Une situation inédite et amer pour certains militants, comme nous le confirme avant le meeting Gérard, cadre supérieur dans l’aéronautique : « Malheureusement, la campagne n’imprime pas. Médiatiquement, elle se fait pilonner sur la forme et le fond passe à la trappe. »

Une logorrhée anti-Macron

Peu après une introduction du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, Valérie Pécresse enchaîne les salves de reproches à l’actuel président de la République : « Emmanuel Macron est le candidat du mépris des territoires, je suis la candidate de la République des territoires ! »

Visiblement consciente que la politique menée par l’exécutif macroniste depuis cinq ans lui siphonne aujourd’hui un nombre de voix significatif, la candidate LR semble avoir resserré hier soir son argumentaire sur le bilan et le programme d’Emmanuel Macron. Dès lors, le meeting tourne rapidement à la surenchère, une sorte de qui aura la plus grosse… proposition de droite.

« Dans notre projet, il y a deux fois plus de baisses d’impôts que dans le projet d’Emmanuel Macron. C’est normal, puisque nous ferons deux fois plus de réformes ! »

Pas plus en réussite sur le plan oratoire qu’au meeting (raté) du Zénith de Paris mi-février, Valérie Pécresse s’adonne même à des errements rhétoriques qui prêtent à sourire. « Non seulement le programme d’Emmanuel Macron est vide et creux, mais en plus c’est un copié-collé du mien ! »

Des militants décontenancés

Peu après l’exfiltration d’une militante de Reconquête venue perturber l’événement avec un timide « Zemmour président ! », le meeting touche à sa fin. À la sortie, très peu souhaitent témoigner. Derrière les sourires de façades affichés par l’assistance, le malaise est palpable. Un peu plus loin, à l’abris des regards, certains militants acceptent tout de même de s’exprimer. Si pour certains, Valérie Pécresse propose « le seul projet capable de redresser la France », pour d’autres le constat est tout autre. Dimitri, venu de Gaillac, confie son inquiétude : « Je ne m’attendais à rien, mais je suis quand même déçu. Je pense que c’est un tabou mais au vu de la situation, beaucoup de militants de longues dates réfléchissent à voter Emmanuel Macron dès le premier tour. » 

Isabelle, responsable dans l’informatique dans la banlieue de Toulouse ira, elle, voter Valérie Pécresse, mais sans grandes convictions : « J’ai toujours voté à droite et je continuerais de le faire car je refuse de donner mon vote aux extrêmes mais je crois que cette fois, on va droit dans le mur. » Certains préfèrent même voir au-delà des présidentielles. C’est le cas de Teddy, étudiant en master de droit : « L’objectif de cette fin de campagne est de limiter la casse et de consolider un score qui nous maintienne dans le top 5. Ensuite, le plus important, ce sera les législatives. Car nous avons beaucoup d’ancrages forts dans les territoires et Macron ne fera jamais le même raz-de-marée qu’en 2017. »

Une fin de campagne particulièrement tourmentée pour le camp de la droite traditionnelle qui craint donc aujourd’hui, plus que jamais, un scénario catastrophe similaire à celui du PS sur les élections de 2017 et 2022. À savoir celui d’une quasi-disparition pure et simple de l’échiquier politique français.

Crédits photo : Léo Thiery