En ce weekend des 13 et 14 janvier a lieu le comptage international des oiseaux d’eau. Pendant deux jours, toutes les espèces d’oiseaux sont répertoriées sur les plans d’eau du monde entier. Autour de Toulouse, une cinquantaine de bénévoles se répartit 65 sites à étudier. 

Tous les ans à la mi-janvier, plus de 150 000 bénévoles de 180 pays du monde, recensent les oiseaux présents sur 50 000 zones humides. “L’objectif est de faire une estimation de la population globale des oiseaux d’eau, dans le monde entier”, explique Thomas Vulvin, écologue au sein d’un bureau d’études.

Comptage, veille environnementale et création de données les plus exhaustives possibles : l’importance du comptage Wetlands International est primordiale. C’est le plus grand programme de sciences participatives au monde. Lancé en 1967, “c’est l’un des meilleurs outils naturalistes qui soit”, abonde le scientifique.

A partir des résultats, des directives de protection internationale peuvent être mises en place, des zones humides protégées, et des projets d’aménagements interdits.

En Haute-Garonne, 65 sites sont concernés, rassemblés en cinq grands ensembles : le “Comminges-et-Volvestre” (tout au sud du département), les “gravières et étangs du Muretain” (au sud de Toulouse), les “gravières et étangs du nord-toulousain”, le “Lauragais et la vallée de l’Ariège”, et enfin la “vallée du Tarn et les coteaux du Girou”.

Sur la cinquantaine de bénévoles qui réalisent les comptages, certains vont faire de grands ensembles de plans d’eau couvrant de grandes superficies. D’autres se contenteront d’un plan d’eau juste à côté de chez eux. Tous les résultats sont coordonnés par l’association Nature en Occitanie (NEO) et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).

Ce qui est intéressant en Haute-Garonne, c’est qu’on a souvent des raretés”, argue Thomas Vulvin. Par exemple,1% de la population française du fuligule nyroca, un petit canard rare en France, hiverne dans le département. La Haute-Garonne est également l’un des seuls à accueillir chaque année le cormoran pygmée, espèce orientale à l’origine, qui se développe vers l’Ouest.

De gauche à droite et haut en bas : Fuligule nyroca (Crédit : Peter Erl – Creative Commons), Cormoran pygmée (Crédit : Flickr-Laia Clark), Cigogne blanche (Crédit : Pescalune photo), Grue cendrée (Crédit : www.all-free-photos.com)

Pourquoi compter les oiseaux en hiver ?

Le comptage Wetlands International a d’abord été créé pour pouvoir estimer les populations d’anatidés, c’est-à-dire les canards de la famille du canard colvert, et le gibier d’eau. Aujourd’hui, il concerne l’ensemble des oiseaux liés aux zones humides, comme les goélands, les mouettes, ou les grues cendrées. Or, estimer les populations de ces espèces pendant la reproduction est quasiment impossible.

Beaucoup des oiseaux qu’on recense lors du comptage nichent dans des endroits quasiment impossibles à prospecter, la toundra arctique par exemple. L’avantage de le faire en hiver est que les oiseaux sont rassemblés sur des lieux accessibles”, précise le scientifique.

Sur les données récupérées en Haute-Garonne, il faut prendre des précautions : “l’échelle d’un département n’est pas assez représentative pour tirer des conclusions, même si des tendances peuvent ressortir”, continue le spécialiste de l’ornithologie. “C’est là tout l’intérêt d’un comptage international.”

Les oiseaux d’eau en déclin en Haute-Garonne, malgré quelques exceptions

Thomas Vulvin participe au comptage Wetlands depuis une dizaine d’années : “cela permet de constater quelques tendances.” Le nombre de canards de surface chute “de plus d’un tiers” entre 2012 et 2023. “Certains répondront que c’est dû aux variations d’une année sur l’autre, malheureusement la baisse d’effectifs est linéaire.” Il faut comprendre par là que c’est un phénomène global, confirmé d’ailleurs par les chiffres des plans d’eau de tout l’hexagone.

La grue cendrée, oiseau emblématique de l’hiver dans le sud-ouest de la France, voit sa population baisser significativement. L’ancienne région Midi-Pyrénées accueille plus d’1% de l’effectif mondial, notamment au lac de Puydarrieux.

Les baisses d’effectif sont dûes notamment au réchauffement climatique, qui change les habitudes de migration des oiseaux. 

Une espèce d’échassier semble par contre tirer profit des conséquences du réchauffement : la cigogne blanche, dont les effectifs ne font qu’augmenter ces dernières années.

La mesure des conséquences du réchauffement et l’évaluation des dynamiques des populations seront permises, là encore, par les milliers de participant aux comptages Wetlands International.

Crédits photo : Thomas Vulvin