À Toulouse, les usagers de la route doivent partager l’espace avec les piétons. Une liste candidate aux municipales de 2026 entend défendre l’intérêt des piétons afin de renforcer leur sécurité, jugée parfois insuffisante par les principaux concernés.

« C’est un sujet qui concerne la quasi-majorité de la population », explique Richard Mebaoudj, président de 60 millions de piétons 31, interrogé par Univers Cités. Il est l’un des instigateurs de la liste apolitique « Toulouse à pied et en commun », qui se présente aux élections municipales de la ville rose, en 2026.

« Ce qui a été fait par les mairies successives est insuffisant », affirme le président de l’antenne départementale de l’association 60 millions de piétons. Les porteurs de la liste souhaitent notamment voir la mise en place de verbalisation contre les vélos et trottinettes circulant sur les trottoirs. Ou encore réduire la circulation automobile.

Richard Mebaoudj reste conscient de la difficulté à réaliser un score : « Si nous obtenons 5 % des voix au premier tour, ce qui est notre objectif, cela relèvera du miracle. Mais il y aura peut-être des surprises car nous sommes beaucoup de citoyens concernés. » Ce qu’il espère surtout, avec cette liste, c’est de permettre aux politiques de se saisir du sujet et de remettre les problématiques rencontrées par les piétons au centre du débat.

Partager l’espace : une source de tensions

« Je ne me sens pas toujours en sécurité quand je suis à pied, confie Armelle, les motos et vélos passent souvent vite dans les rues pourtant piétonnes. » Cette retraitée, qui arpente les rues du centre-ville toulousain à pied, se dit « favorable » à ce qu’une liste porte le sujet des piétons aux municipales.

Albane, étudiante à Toulouse qui se déplace également uniquement à pied, ajoute : « Je n’ai jamais eu d’accident en tant que piétonne. Mais j’aurais pu me faire renverser par un vélo plusieurs fois car on ne fait pas tous toujours attention. » Selon les chiffres de la sécurité routière, 439 piétons sont décédés en 2023, en France. Les présumés responsables dans ces accidents sont principalement les véhicules motorisés, les vélos ne représentant que 4 % des responsables.

Si Armelle comprend « l’agacement des cyclistes face aux piétons qui ne sont pas toujours attentifs », elle dénonce tout de même « les vélos qui ne respectent pas les priorités et passent au feu rouge ». Le gouvernement rappelle que « le code de la route s’applique de la même manière à tous les usagers ».

Rue d’Alsace-Lorraine, la pire rue pour les piétons ?

À Toulouse, la rue d’Alsace-Lorraine est le symbole du difficile partage de la route entre piétons, vélos, trottinettes ou encore scooters. « Pour les piétons, c’est la pire rue », affirme Léonie, dont la boutique dans laquelle elle travaille se situe non loin de là. « Les cyclistes vont souvent trop vite alors que cette rue est très fréquentée, poursuit la vendeuse, il est important de rappeler qu’en ville, même sur une piste cyclable, il faut aller doucement. »

Panneau d’information rue d’Alsace-Lorraine à Toulouse

Récemment, l’expérimentation de six mois qui délimitait une piste cyclable rue d’Alsace-Lorraine a pris fin. Pour la mairie de Toulouse, il s’agissait de « renforcer la sécurité des piétons » et de réfléchir à des solutions pour partager l’espace entre usagers. Une bonne initiative pour Mathilde, cycliste : « C’est une bonne chose s’il y a définitivement une voie réservée aux cyclistes car c’est un axe principal pour rejoindre le Capitole. »

« Si la piste cyclable est créée, peut-être qu’il serait intéressant d’interdire la rue aux vélos le samedi après-midi par exemple, quand elle est très fréquentée », propose Albane, qui reste favorable à un espace réservé aux vélos. Une idée de mettre le pied-à-terre également défendu dans le programme de la liste « Toulouse à pied et en commun » pour les municipales de 2026, et notamment rue d’Alsace-Lorraine.

Photos : Annabel Martinez-Canavy