Le 1er janvier 2024, la métropole de Toulouse a étendu la limitation de vitesse à 30km/h à une large majorité de son territoire. Une décision motivée tant par des questions écologiques que de sécurité routière, mais qui est loin de faire l’unanimité.

Les élus de la métropole de Toulouse l’avaient validée le 1er décembre 2023, et c’est à l’aube de cette nouvelle année que la décision de réduire la limitation de vitesse de 50 km/h à 30 km/h a été mise en place. Depuis le 1er janvier 2024, ce sont près de 85% des rues de la ville qui sont concernées par cette nouvelle mesure, contre 53% avant sa mise en œuvre.

La garantie de plus de sécurité pour les piétons et cyclistes, d’une circulation plus apaisée dans les quartiers et de moins de pollution dans l’air.” C’est ainsi que la mairie justifie cette décision. Une grande partie des voies concernées par ce changement sont des rues où il y a peu de circulation, mais ce ne sont pas les seules. En effet, cette nouvelle limitation a également été appliquée aux grands axes qui délimitent le centre-ville toulousain. C’est le cas notamment des allées Jules Guesde, Jean Jaurès ou encore des boulevards Carnot, de Strasbourg et d’Arcole. Malgré la volonté de la mairie d’améliorer la répartition de l’espace public, cette décision n’est pas vue d’un bon œil par tout le monde.

Une perte de temps et des amendes à payer”

L’abaissement de la limitation de vitesse fait en effet grincer des dents un bon nombre de professionnels. C’est le cas notamment chez les artisans, parmi lesquels il règne un sentiment partagé de mécontentement. “C’est encore une perte de temps, des bâtons dans les roues et des amendes à payer”, explique un employé de DMS serrurerie, qui craint que cette nouvelle mesure ne le contraigne à réduire son nombre d’interventions à la journée. Victor Compret, plombier et serrurier, partage ce constat et questionne l’utilité de cette mesure. Il parcourt entre 100 et 200 kilomètres par jour et estime qu’ ”avec les bouchons, le nombre de feux rouges et de radars actuellement en centre-ville”, il sera bien plus compliqué pour lui de remplir ses missions quotidiennes avec cette nouvelle limitation de vitesse.

L’argument de la sécurité routière controversé                                                                 

L’une des raisons phares de cette mesure – la sécurité des automobilistes, des piétons et cyclistes – pose encore quelques questions. Mathilde Bourzeix est éducatrice spécialisée avec des enfants autistes et sa profession libérale l’oblige à se déplacer aux quatres coins de Toulouse. Pour elle, l’argument de la sécurité routière est questionnable. “Ils avancent cet argument mais je n’y crois pas. Ça va juste rajouter du stress, tendre les gens et avec les cyclistes et les trottinettes qui rouleront à la même allure, il se peut que ça soit plus accidentogène”.

 Pourtant, du côté des associations de prévention routière, cette mesure est une victoire grandement appréciée. Le pôle Occitanie de l’association Prévention Routière œuvre même pour l’institutionnaliser et l’étendre à l’ensemble des villes du territoire français. N’ayant pas pris part aux concertations publiques mais ayant largement soutenu cette décision, c’est l’ensemble de l’association qui “s’en réjouit car une réduction de 20km/h va entraîner une baisse significative des accidents mortels au sein de l’agglomération.”

Un constat dont se félicite également les pouvoirs publics, qui entendent bien faire respecter cette nouvelle mesure. En alliant prévention et contrôle, le pari de normaliser au plus vite cette nouvelle limitation est lancé. « Nous mettons en place de nouvelles infrastructures ; des ralentisseurs, des radars préventifs, un nouveau marquage au sol…« , détaille Maxime Boyer, adjoint au Maire, en charge des transports et de la voirie. Pour lui, pas question non plus d’imposer cette nouvelle mesure par la verbalisation. « Il y aura évidemment des contrôles, mais on compte avant tout sur un travail de pédagogie et de prévention auprès des riverains. »

Tandis que mairie et associations soulignent les avantages potentiels de cette nouvelle mesure, la crainte des impacts négatifs demeure et suscite des opinions contrastées.

Crédit photo : Panneau limitation vitesse 30 km/h, Maxppp