Les chants féministes ont commencé à résonner dans les rues de Toulouse deux jours avant la grève prévue le 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes. La traditionnelle manifestation nocturne en mixité choisie a eu lieu dans la soirée de lundi.
Il est 19 heures, place Belfort. Une centaine de femmes attendent, chantent et écoutent des prises de parole. Au mégaphone, les interventions, traduites en langue des signes, se succèdent. On parle de solidarité féminine, d’intersectionnalité mais aussi de violences sexistes, sexuelles et patriarcales.
Le cortège se met en marche, pancartes et drapeaux sont brandis. On peut lire “patriarcrame” ou encore “ensemble on est inVulvenérables”. L’un des étendards est celui d’Act up, association de lutte contre le sida. Plus loin, on remarque le drapeau du Point Levé car l’événement est organisé par plusieurs collectifs autonomes.
Un rassemblement en mixité choisie
Les organisatrices le rappellent : la marche s’adresse aux femmes et aux personnes en minorité de genre. Pour Marie, manifestante, cette décision « attire des personnes qui ont des revendications tout au long de l’année mais ne se sentent pas forcément représentées le 8 mars ». Elle ajoute que « le fait que la manifestation ne soit pas autorisée peut toutefois en repousser d’autres ».
L’une des caractéristiques de cette manifestation est qu’elle n’est pas déclarée à la préfecture comme peut l’être l’annuelle mobilisation du 8 mars. Elle est officiellement illégale et la police est autorisée à la disperser. Pourtant, la mobilisation a tout de même attiré foule. Des centaines de personnes déambulent maintenant sur le Boulevard d’Arcole au rythme de la batucada et des slogans. Elles scandent en chœur « c’est nous la menace, on prend toute la place », car l’objectif de cette manifestation nocturne est la réappropriation de la rue.
« Multiplier les espaces »
Se réapproprier cet espace où le harcèlement perdure. En 2022, 76% des femmes interrogées par l’institut de sondage Yougov affirment se sentir en insécurité dans l’espace public. Elles y sont fréquemment interpellées, sifflées voire suivies. Les organisatrices expliquent qu’ensemble, les manifestantes peuvent reprendre de la place et de l’assurance. L’environnement n’est plus aussi hostile.
Pour autant, elle n’a pas pour ambition de concurrencer la grève nationale du 8 mars. Loin de là. Une participante précise : “ce n’est pas plus ou moins important que ce qu’il va être organisé en journée parce qu’il y a d’autres enjeux, mais c’est de multiplier les espaces”. Marie confirme : “c’est un espace de plus pour prendre la parole”.
Lison Chambe et Charlotte Amrouni
Crédit photo : Lison Chambe