Le mouvement de contestation contre la réforme des retraites cristallise les prises de position. Les relations entre la gauche syndicale et la gauche politique, en particulier les Insoumis, semblent se compliquer.
C’était à Toulouse, le 7 février dernier. Un meeting de la NUPES réunit figures politiques et syndicales de la région. L’union des deux camps est à l’honneur. Mais le spectacle des débats à l’Assemblée nationale n’aura pas tardé à fragiliser cette entente.
Dès la fin des débats autour du projet de réforme à l’Assemblée, le 17 février, Jean-Luc Mélenchon a félicité, dans un tweet, l’échec de l’examen de l’article 7. C’est l’article phare du projet qui concerne le report de l’âge légal de départ à la retraite. Pour rappel, suite à l’utilisation de l’article 47-1 de la Constitution, les débats ont dû se dérouler dans un délai de 20 jours. Cette contrainte de temps n’a pas manqué de mécontenter l’opposition ainsi que les syndicats.
En réponse à cette déclaration du chef historique des Insoumis, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, lui ont reproché de vouloir « s’approprier le mouvement social ». Des « propos diviseurs » que Mélenchon a encouragé à oublier, toujours sur Twitter.
Maintenir une mobilisation importante
« C’est parce que nous sommes nombreux que nous ne sommes pas tous d’accord entre nous », analyse François Piquemal, député LFI de la 4ème circonscription de Haute-Garonne. Une diversité qui ne date pas d’hier, puisque « dans l’histoire de la gauche ça a toujours été ça », ajoute-t-il.
Le bord politique, maintenant rassemblé sous la bannière de la NUPES, semble encore se chercher. En témoignent les quelques discordances au sujet de la stratégie à adopter lors des débats à l’Assemblée. Dans la rue, les syndicats eux, font front ensemble. Ici à Toulouse, ils défilent tous derrière la même banderole. Le 7 mars, ils ont emmené un cortège de 120 000 personnes, selon la CGT, à manifester pour ce nouveau volet de contestations (27 000 selon les informations de la police).
Forte de cette nouvelle étape de mobilisation, l’intersyndicale a demandé, le 7 mars au soir, à être reçue « en urgence » à l’Élysée. Ce à quoi il leur a été répondu que « la porte de l’exécutif est toujours restée ouverte ». La demande a été réitérée, mercredi 8 mars, dans une lettre adressée au Président de la République et signée par les leaders des huit syndicats français et cinq dirigeants d’organisations de jeunesse.
Les organisations syndicales, pour lesquelles il est important que la mobilisation reste digne et responsable, souhaitent à présent de vrais échanges avec Emmanuel Macron. « Vous et votre gouvernement restez silencieux devant l’expression de ce puissant mouvement social », dénoncent-elles. Le chef de l’État fait lui, pour l’instant, la sourde oreille.
Crédit photo : Margaux Bégards