Mardi 8 Novembre 2016 se déroulaient les élections américaines, relayées en direct par les médias du monde entier. A Colomiers, c’était l’occasion pour les membres de Democrats Abroad de se retrouver autour d’un bon repas et de quelques jeux sur le thème de la politique. Récit de cette soirée de plus en plus tendue au fil des fermetures des bureaux de votes.

21 heures, l’auberge Friendly Auberge à Colomiers est bondée. Des drapeaux américains, des discussions en anglais et un écran géant diffusant CNN en continu attirent l’attention. Et pour cause, ce sont les membres toulousains de Democrats Abroad qui se sont réunis pour attendre ensemble les résultats des élections américaines opposant leur candidate Hillary Clinton au sulfureux républicain Donald Trump.

L’ambiance est détendue, personne ne semble croire à une éventuelle victoire du candidat républicain, que la plupart ne considère pas comme crédible. « Quand les républicains l’ont élu comme candidat, j’ai cru que c’était une blague. » explique Nancy, la gérante de l’auberge, une américaine qui vit en France depuis une trentaine d’années.

 

Un groupe de musiciens joue de la Bluegrass music en attendant la fermeture des premiers bureaux de vote. Crédits photo : Amélie Caralp

 

Les premiers bureaux de vote ferment dans 50 minutes. En attendant un groupe de musiciens joue de la Bluegrass et un quizz politique est lancé. Pour Erica, originaire de Louisiane, cette soirée marque surtout la fin d’une terrible campagne électorale.  » J’ai hâte que tout cela finisse, car c’était la pire campagne électorale de l’histoire des Etats-Unis. On aurait dit des enfants dans une cour de récréation, pas des politiques. »

 

Les Américains de Toulouse s’expriment sur ce qu’ils considèrent comme la pire campagne de l’histoire des Etats-Unis

 

Plafond de verre

Vers minuit et demi, la salle s’est vidée quand les premiers résultats tombent. Hillary Clinton remporte le Vermont, Donald Trump l’Indiana et le Kentucky. Pas de quoi décourager les démocrates qui croient encore en la victoire de leur candidate. Une victoire qui pourrait marquer l’histoire des Etats-Unis pour Nancy. «  Si Hillary est élue, cela montrerait aussi que les américains sont prêts à briser le plafond de verre, ce serait historique. » Erica, elle, n’est pas persuadée que les américains soient prêts à accueillir une femme à la Maison Blanche.

 

« Je ne suis pas sûre de ça. Nous étions prêts à avoir un Président noir, mais une femme, je n’en suis pas certaine« , regrette-t-elle.

 

Les Démocrates de Toulouse attendent les résultats. Crédits photo : Amélie Caralp

 

Pour Rebecca, le problème se situe autre part. Fervente supportrice de Bernie Sanders, elle avoue soutenir le parti démocrate plus qu’Hillary Clinton elle-même, et regrette le choix des Démocrates. « Je pense que le parti a fait un mauvais choix en faisant tout pour qu’Hillary soit leur candidate. Ni Hillary Clinton, ni Donald Trump n’est populaire. Alors oui je soutiens Hillary, mais comme beaucoup de démocrates je pense, je vote plus contre Trump que pour Clinton. »

C’est un peu après 3 heures que la tension commence à monter. Alors que leur candidate avait repris le dessus sur Donald Trump en remportant l’Illinois, le New Jersey, le Massachussets et l’Etat de New York, le républicain remporte sans surprise l’Arkansas et le Texas. Mais plus étonnant, il est en tête dans trois des swing states les plus importants, à savoir la Floride, l’Ohio et la Caroline du Nord. L’espoir est pourtant toujours de mise. Maryse, ancienne professeur d’anglais, essaie d’analyser la situation. « La Floride devrait être démocrate. Normalement les Latinos devraient se déplacer en masse pour voter Clinton. C’est un Etat très important, il faut qu’elle le gagne. » Les résultats sont serrés, les candidats au coude à coude. Puis Trump prend une légère avance sur sa rivale, ce qui ne manque pas de générer une vague d’incertitude chez les Américains de Toulouse.

 

Floride, si tu étais notre petit-ami, on enverrai notre grand-frère te demander « quelles sont tes intentions? ». Tu joues trop.

Désillusion

Malgré l’avance de plus en plus large de Donald Trump, les membres encore présents de Democrats Abroad décident de briser eux-mêmes le plafond de verre qui subsiste aux Etats-Unis, représenté par une piñata. Si l’ambiance est bon enfant, les yeux restent rivés sur l’écran géant. Les dépouillements dans les Etats-clés se poursuivent, creusant un peu plus l’écart déjà marqué entre les deux candidats.

Bien qu’ils veuillent garder espoir, les démocrates toulousains ne parviennent pas à relativiser une potentielle victoire de Donald Trump. »C’est un businessman, pas un homme politique. Il veut simplement la popularité. Je ne suis même pas sûre qu’il ait pris en compte la possibilité d’être élu et qu’il sache quoi faire une fois Président. « , explique Gina Granelli, membre de Democrats Aborad. Pire, pour Nancy, « Ce serait une catastrophe si Donald Trump était élu Président des Etats-Unis, ce serait une victoire du racisme, de la misogynie, de la terreur. »

Vers 4h30, les derniers américains quittent l’auberge, épuisés par une soirée électorale qui semblait bien trop acquise à leur candidate. Vers 8h30 ils se sont probablement réveillés pour découvrir en même temps que le reste du monde que le plafond de verre ne serait pas brisé pour cette fois. Après avoir remporté des Etats importants comme la Floride, la Géorgie et la Pennsylvanie, Donald Trump est élu 45ème Président des Etats-Unis, alors même que sa rivale l’a emporté au vote populaire.

La démocratie implique notre participation. Ne nous attardons pas sur la déception. Levons-nous. Engageons-nous. Restons engagés. Au travail.