À Toulouse, 120 000 manifestants se sont mobilisés contre la réforme des retraites ce mardi 7 mars, selon les syndicats. Au cœur du cortège, les enseignants présents se disent prêts à continuer la lutte contre ce projet de loi.
Les professeurs d’écoles primaires, de collèges et de lycées étaient au rendez-vous pour cette sixième journée de mobilisation toulousaine. Selon le syndicat SNUIPP-FSU (Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et d’enseignement général – Fédération syndicale unitaire), 60% des enseignants étaient en grève mardi 7 mars, contre 32% selon l’Éducation nationale. Une mobilisation qui est en hausse d’après le ministère, qui affirme que 23% du corps enseignant était mobilisé le 31 janvier dernier. Interrogés sur leurs motivations à manifester, les enseignants de Haute-Garonne expliquent la pénibilité de leur travail et leur opposition à la réforme. Ils assurent qu’ils ne baisseront pas les bras tant que le projet de loi ne sera pas avorté.
Gérard, enseignant de technologie à Labastide-Rouairoux
« Avec cette réforme, je vais travailler plus longtemps. On parle de pénibilité dans beaucoup de métiers où elle est réelle, mais dans notre métier, comme dans d’autres métiers, la pénibilité morale et mentale y est aussi. Et puisqu’il y a les études qui décalent tout, on ne se voit pas travailler jusqu’à 67 ans. Donc, tant que nous ne sommes pas entendus, nous continuons de manifester. »
Laurence, enseignante de physique-chimie, syndiquée CFDT-FEP (Formation et enseignement privés)
« Je suis dans un établissement privé et le mouvement est beaucoup moins suivi. Mon établissement n’est pas fermé, donc la plupart des professeurs ont travaillé aujourd’hui. Le problème principal, c’est que manifester pose la question du salaire. Certains collègues, qui ont des difficultés financières, ne veulent pas perdre une journée de salaire. »
Jean-Philippe Gadier, professeur des écoles, syndiqué FSU
« Si la loi s’applique, c’est l’accélération de la Loi Touraine. Cela veut dire 43 ans de cotisations pour avoir le taux plein. Ensuite, c’est l’âge d’ouverture des droits qui recule. Concrètement, je devrai faire six mois de plus parce que je suis né en 1962. J’ai des élèves qui ont entre trois et dix ans. Mais quand on a 64 ans, il y a un problème de sécurité quand ces élèves sont agités, il faut quand même avoir une certaine forme physique pour réagir. Donc on fait le choix de la grève. Nous utilisons notre droit constitutionnel pour dire que nous ne sommes pas d’accord. Le bloqueur, il s’appelle Emmanuel Macron. C’est un président mal élu, il a une majorité parlementaire fragile, il est élu au deuxième tour grâce au barrage contre Marine Le Pen, donc il ne peut pas dire qu’il a mandat pour faire une réforme sur les retraites. »
Alexandre Guerin, professeur des écoles, syndiqué FSU
« L’intersyndicale éducation dont fait partie la FSU appelle à reconduire la grève demain, parce que c’est la journée de la femme, mais aussi jeudi 9 mars. Nous avons comme objectif de faire monter un peu le rapport de force. Nous appellons à reconduire la grève, du moins à rapprocher les journées de mobilisation et les journées de grève. Sachant qu’à l’époque du CPE (le contrat première embauche) en 2006, la grève avait continué après l’adoption du texte. Nous comptons bien durcir les choses au mois de mars. »
Crédits photo : Margaux Bégards
Maxime Séguier et Léna Saoui