Dans son premier ouvrage La grippe, un virus, des canards et des hommes, Pierre Bessière, chercheur en virologie, choisi la vulgarisation scientifique comme une arme pour lutter contre la désinformation.

Quand Pierre s’installe dans la salle de pause, ses stagiaires de l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) l’observent avec une pointe d’admiration dans le regard. « Son livre vaut vraiment le détour, je l’ai montré à mes parents, car il raconte simplement ce qui parait obscur pour eux », explique Mathilde, 22 ans, en stage de master dans le laboratoire de virologie. Si l’heure est propice aux confidences de ses disciples qui se font des tartines, Pierre reste sérieux et rappelle qu’à l’heure de la pandémie, c’est presque devenu vital de diffuser la connaissance au plus grand nombre. « Même si je m’adresse à un public relativement jeune, je pense que le livre peut-être utile pour tout le monde », assure le maitre de conférence de 29 ans.

Une lutte contre l’obscurantisme ?

En avril 2020, Pierre, seul autorisé à se rendre aux bureaux désertés, commence l’écriture d’un livre avec pour ambition de lutter contre la désinformation au sujet des virus et de leur transmission de l’animal à l’homme. En seulement un mois, il réunit toutes les informations qu’il juge pertinentes pour son ouvrage. « Depuis le début de la pandémie de Covid-19, un florilège de théories abondent sur ce qu’est un virus, mais peu de gens savent vraiment de quoi ils parlent », déplore le jeune homme. « Je n’ai pas la prétention de tout savoir, mais si je peux mettre à profit mes recherches et connaissances dans ce livre, alors je pense que j’aurais atteint mon objectif. »

Malgré ses traits innocents, Pierre ne mâche pas ses mots pour critiquer les informations erronées qu’il a vu défiler et espère « qu’un ouvrage papier aura toujours plus de crédit que le digital ». Tout en sachant que celui-ci ne pourra pas empêcher les fausses informations d’exister, ce jeune chercheur prône dans son livre un savoir scientifique simplifié pour les parer.

Une alternative aux textes académiques

S’il reste critique sur les dessins qu’il juge finalement « trop enfantins », Pierre raconte qu’il aurait aimé lors de ses propres études avoir accès à des ouvrages similaires pour comprendre le fonctionnement des virus. Il s’indigne même que « la plupart des textes scientifiques qui parlent de cela soient très complexes, peu imagés et écrits en anglais ». Pour lui, « les illustrations permettent une meilleure compréhension du lecteur ».

Pierre Bessiere a coréalisé l’ouvrage avec Yohan Lacombe Vivès, en charge des illustrations. / Photo © Nelly Metay

Pierre précise qu’il ne veut pas en rester à son coup d’essai. Il est certain que la vulgarisation est une voie dans laquelle il peut s’épanouir : « Rendre la science accessible à tous, c’est fondamental. J’ai déjà d’autres sujets en tête qui peuvent être illustrés dans une bande dessinée. »

 

Photo d’entête © Nelly Metay