Lundi 16 mars, le Président Emmanuel Macron a annoncé le renforcement des mesures de lutte contre la propagation du coronavirus. Les Français sont, du 17 au 31 mars au moins, interdits de sortir de chez eux. Mais comment peut-on rester confiné à son domicile lorsqu’on n’en a pas ?
Pour limiter au maximum la propagation du coronavirus, le Président Emmanuel Macron a pris une mesure ferme : interdire les déplacements hors de son domicile jusqu’au 31 mars au moins. Télétravail impossible, motif de santé, activités physiques individuelles… Le décret ministériel publié le 17 mars précise un tas d’exceptions. Pourtant, les personnes mal logées ou sans abri, au nombre de 4 200 à Toulouse, ne semblent pas être prises en compte.
De fait, « pour l’instant, aucune mesure n’a été prise les concernant », déplore Anaïs Garcia, membre toulousaine de l’association Droit Au Logement (DAL 31). Selon elle, « beaucoup d’entre eux sont très inquiets » et craignent d’être enfermés par « centaines dans des gymnases », ce qui amplifierait le risque de contagion et les mettrait en danger.
Un sentiment d’oubli et d’abandon partagé par les associations et les collectifs de solidarité. L’association Tous solidaires 31, qui organise d’ordinaire des maraudes tous les mercredis soir, est contrainte de suspendre ses tournées hebdomadaires. « Nous ne mettrons pas en place d’autre initiative car nous n’avons ni les locaux, ni la reconnaissance nécessaire ».
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« On adapte notre accueil pour éviter les risques de contagion »
Au Relais de Saint Gaudens, un des centres d’hébergement d’urgence en périphérie de la ville, les personnes sans domicile fixe sortent la journée et ne sont accueillies que le soir : « nous n’avons reçu aucune directive de l’Etat, donc nous fonctionnons comme d’habitude ». A Toulouse, les centres d’hébergement « adaptent leur accueil pour éviter les risques de contagion », confirme le directeur de l’Escale de la Croix Rouge, situé à côté de l’hôpital de Purpan.
Dans le centre Antipoul du quartier Patte d’Oie, les consignes d’hygiène sont rigoureusement appliquées. Du gel hydroalcoolique est mis à disposition et le personnel tente de ne placer qu’une personne par chambre. Dans la mesure du possible, les personnes âgées les plus fragiles sont envoyées en EPHAD.
« Les personnes mal logées vont souffrir du confinement »
Le confinement s’annonce invivable pour les personnes mal logées. A Toulouse, l’association DAL 31 compte près de 1 500 personnes hébergées par le dispositif hôtelier d’urgence. Anaïs Garcia s’inquiète : « on connait des familles de cinq personnes qui vivent dans une seule chambre d’hôtel de 10m², quand on est confiné c’est juste impossible ».
Les personnes en logement insalubre ou sur-occupé, locataires ou occupants de squats, s’exposent à plus de risques. Pas de chauffage, pas d’électricité, beaucoup d’humidité, « ces personnes vont vraiment souffrir du confinement ».
Amidou habite au squat du Mirail depuis moins de deux mois. Il partage une chambre de moins de 9m² avec un ami. Le bâtiment est moins insalubre que son ancien squat, celui du Muret, mais les conditions d’hygiène ne sont tout de même pas optimales. Si les occupants du bâtiment n’ont pas cédé à la panique, ils sont quand même prudents : « chacun reste dans sa chambre ».
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Prendre les mesures nécessaires
A Toulouse, la mairie a pris deux mesures : les repas chauds midis et soirs jusqu’au 31 mars à l’Espace Social du Grand Ramier et la mise à disposition d’un ancien EPHAD et d’un gymnase pour les femmes seules ou avec des enfants.
Les bénévoles de DAL 31 sont inquiets mais se réjouissent tout de même de certaines mesures prises, comme la prolongation de la trêve hivernale qu’a annoncé Emmanuel Macron. Mais ce n’est pas suffisant. A Toulouse, la mairie compte 23 000 logements vides contre 4 200 personnes sans abri et mal logées. Pour Anaïs Garcia, il faut appliquer la loi du réquisitionnement « pour la sécurité de ces personnes, pour que le confinement ne leur soit pas trop difficile et pour la sécurité de l’ensemble de la société ».
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