Des dizaines de milliers d’américains se sont rendus aujourd’hui aux urnes afin de désigner le ou la démocrate qui les représentera aux prochaines présidentielles. Pour les expatriés à Toulouse, dont le cœur reste en Amérique, une urne a été installée au centre de la ville rose.

C’est un moment crucial dans cette course, puisque les 14 États se sont donnés rendez-vous dans les bureaux de vote. Quatre mois, c’est le temps nécessaire aux 50 États et territoires nationaux pour désigner des délégués « assignés » aux candidats. Un scrutin indirect qui doit permettre aux candidats de regrouper une majorité absolue pour être élu, soit 1991 délégués attribués à la proportionnelle sur 3979 au total. Pour l’instant l’Iowa, le New Hampshire, la Caroline du Sud et le Nevada sont les quatre États dont le choix a déjà été porté à 155 délégués.

L’électeur émarge sur la liste des inscrits.
Photo : Aeimen Benallouche

À Toulouse, une urne est installée au Carson City, un restaurant inspiré des fameux diners à l’américaine et géré par le passionné Dominique Bertrand.
À 14h00, le bureau de vote ouvre ses portes dans ce restaurant où se croisent les électeurs et clients qui viennent déjeuner. Une musique country, un concours d’haltérophilie à la télévision, ce n’est pas le décor formel rêvé pour un jour de vote. Pas d’isoloir pour les électeurs, ils remplissent leur bulletin de vote sur les nappes à carreaux rouges et blanches du restaurant, les couverts ont été enlevés pour l’occasion. Mais le cœur y est : c’est sous les applaudissements que le bulletin est remis dans l’urne. Les démocrates toulousains et de la région sont évidemment recensés, ils doivent au préalable s’inscrire par internet, comme l’explique une organisatrice membre de Democrats Abroad, la section internationale des démocrates américains.

« Si vous êtes américain et membre de l’American Démocrats Abroad, vous pouvez voter, donc nous vérifions que chaque personne qui vient fait partie de notre liste. S’ils ne le sont pas ils peuvent s’inscrire sur internet » – Rebecca, membre de l’organisation

C’est en 2003 que la branche de Democrats Abroad s’installe à Toulouse sous l’égide de son président Scott Stroud qui pose bagage en 1987 dans la ville rose. Originaire de Nashville dans le Tennessee, instructeur d’anglais, il enseigne à l’École Nationale de l’Aviation Civile.

« Selon l’Ambassade américaine, quelques 100.000 Américains habitent en France, et le vote est ouvert à toute personne âgée de 18 ans et plus », a communiqué Scott Stroud, président de la branche toulousaine de Democrats Abroad. La section internationale du parti compte actuellement environ 150.000 membres à travers 190 pays.
En France, onze autres bureaux de vote ont été opérationnels à Paris, Lyon, Strasbourg, Grenoble, Nice, Marseille, Avignon, Montpellier et Bordeaux, ainsi qu’en Normandie et en Bretagne. « Ce qui se passe aujourd’hui au Carson, c’est la possibilité, une fois tous les quatre ans de mettre un bulletin dans l’urne, de côtoyer d’autres américains, de discuter, de débattre et de vivre un bon moment », annonce Scott Stroud. Dans la ville rose, les toulousains ont pu voter également avec des bulletins de vote envoyés par voie postale, par mail et même par fax.

« Je suis ici pour voter Bernie Sanders, j’ai été socialiste toute ma vie. La campagne de Bernie Sanders est très importante ! Elle est révélatrice d’une sécurité sociale gratuite, de l’éducation gratuite comme vous avez ici en France. Ce vote est essentiel car si on ne choisit pas le bon candidat face à Trump on va perdre… » – Sam, électeur américain

Alors qu’ils étaient 7 candidats en lice pour l’investiture démocrate, ils ne sont plus que 5 pour ce « Super Mardi ». En effet, Pete Buttigieg a annoncé l’abandon de sa candidature ce dimanche, suivi d’Amy Klobuchar, sénatrice du Minnesota, dans la nuit de lundi à mardi. C’est donc finalement cinq candidats qui se disputeront la place : Joe Biden, l’ex-vice-président de Barack Obama, Bernie Sanders, le sénateur du Vermont, Elizabeth Warren et Michael Bloomberg, l’ancien maire de New York. Des candidats qui font partie, pour le moment, des favoris de cette primaire.

« N’importe lequel de nos candidats ferait, et de loin, un meilleur dirigeant de notre pays que le président que nous avons actuellement … » – Julia Bryan, présidente de l’association internationale de Democrats Abroad dans un communiqué.

Quand vous élisez un clown, attendez vous à un cirque
Photo : Aeimen Benallouche

Ces propos se confirment avec un discours de la part du président de Democrats Abroad, Scott Stroud. Il conforte un certain sentiment commun des toulousains qui se disent « consternés » par cette politique et ce « style » de gouvernance de la part du président des États-Unis.

Le 3 novembre prochain, il y a de fortes chances que le candidat ou la candidate en tête, à l’issue de ce « Super Mardi », affrontera Donald J. Trump. Qui sait ? Les ressortissants toulousains feront peut-être la différence ?