Toute cette semaine, des Assemblées Générales ont eu lieu au sein des différentes universités toulousaines. Le mouvement s’organise en vue de la journée de manifestation du 31 janvier face à la réforme des retraites, dans une ampleur limitée.

Le mouvement étudiant prend un souffle collectif à Toulouse. Après une première journée de grèves et de manifestations le 19 janvier, l’appel à des actions similaires au niveau national par l’intersyndicale pour le 31 janvier a laissé le temps aux facultés de s’organiser. Face au risque d’un essoufflement du mouvement, les Assemblées Générales (AG) ont essaimé cette semaine. Mercredi à l’Université Toulouse Capitole (UTC), et jeudi à l’Université Toulouse Jean-Jaurès (UT2J) ainsi qu’à Sciences Po Toulouse.

À l’issue de ces AG, il a été décidé de défiler sous une bannière commune. Un premier acte pour marquer un front commun face à une réforme très contestée. Ce mouvement inter-fac se met en place au gré des contacts des uns et des autres, pour essayer de s’organiser au mieux. Un groupe Signal a été créé au sein de UT2J, un Messenger à Sciences Po.

Mais avant de rêver plus grand, chacun sait qu’il faut d’abord penser à plus petite échelle. Les étudiants de UT2J espèrent réquisitionner un amphithéâtre sur plusieurs jours pour promouvoir leur action. Et ainsi se faire remarquer et mobiliser en masse. À Sciences Po, des distributions de tracts seront mises en place lundi dans le même objectif.

À UTC, la mobilisation revêt un caractère exceptionnel. « Sachant qu’on ne part de rien, ça prend forcément de l’ampleur » raconte Astrid, étudiante en droit et membre de l’Union des Étudiants Communistes (UEC). Avec les Étudiants Rassemblés pour l’Écologie et la Solidarité (ERES) et l’Union Nationale des Étudiants de France (UNEF), ils ont organisé une AG ce mercredi. Une trentaine d’étudiants étaient présents. Une première réunion pour sensibiliser sur la question, avant une prochaine qui pourrait mettre en marche le mouvement. « Il n’y a pas eu d’AG propre à UTC depuis plus de dix ans », alors assurément, cette mobilisation est déjà historique.

Se mobiliser pour un monde meilleur

Toutes les universités se réunissent pour montrer une résistance étudiante face à une réforme jugée « injuste », « inégalitaire » et « irrespectueuse ». Même si la question des retraites ne les concerne pas directement, ils pensent à leur parents, au personnel des universités, aux travailleurs de différents secteurs. Les facultés, notamment celles de Toulouse, savent leur pouvoir insurrectionnel et mobilisateur. Il suffit de peu pour que tout s’embrase.

Mais au-delà de l’enjeu des retraites, c’est pour un monde meilleur que les étudiants battront le pavé ce mardi. « Ce qu’on vous propose, c’est de la servitude », lance Yvan, membre du personnel UT2J. À ces mots, les applaudissements se sont considérablement fait entendre dans le grand amphithéâtre de l’université. Comme un signe que quelque chose se joue. Comme un signe que les retraites sont à la fois un enjeu mobilisateur et un prétexte pour, vraiment, rêver plus grand. Emmanuel Macron, le Président, est dans toutes les têtes. Sa réforme symbolise une trame de fond de précarisation de la vie, dès l’âge universitaire, jusqu’à un âge déraisonnable.

Une mobilisation cantonnée à la base

300 personnes mobilisées à UT2, 123 à Sciences Po, une cinquantaine à UTC… Ces chiffres restent dans les standards des dernières mobilisation étudiantes, contre la réforme des retraites déjà en 2019 et pour soutenir les « Gilets Jaunes » en 2018. Mais à Toulouse, première ville étudiante de France, ce poids paraît bien faible au regard de la grandeur des troupes. « Je me réjouis de voir qu’il y a beaucoup de monde, mais le record ici, c’est 3 000 », lance un chargé de TD de l’UT2J. Constat accablant du chemin qu’il reste encore à parcourir, à l’intérieur des facultés, mais aussi dans d’autres écoles pour trouver des âmes contestataires.

« Ici, nos associations ne sont pas très politisées, on ne se mêle pas vraiment de tout ça », explique un membre d’un bureau étudiant de Toulouse School of Management (TSM). Même son de cloche à Toulouse Business School (TBS), Purpan, Toulouse School of Economics (TSE), ou à l’Institut Nationale des Sciences Appliquées (INSA). Le mouvement est fort à la base, chez les étudiants déjà politisés, mais ne prend pas chez le reste des étudiants.