Vendredi 24 janvier, 7e journée de grève, les Toulousains restent mobilisés. Alors que la réforme des retraites était votée hier au Conseil des Ministres, les syndicats et autres manifestants ont continué d’exprimer fermement leur opposition lors d’une manifestation interprofessionnelle.

La semaine a été ponctuée par différentes actions « coup de poing » et s’est poursuivie vendredi 24 janvier avec de multiples manifestations interprofessionnelles sur l’ensemble du territoire. À Toulouse, ils étaient 95 000 personnes à défiler selon la CGT, 5 000 selon la préfecture. Défilant de St-Cyprien à François Verdier, le cortège a donc vu grossir ses rangs par rapport aux manifestations précédentes.

Cette journée de mobilisation était un moment clé pour les manifestants. Le projet de loi sur la réforme des retraites était présenté au même moment au Conseil des ministres. Ainsi, les différentes couleurs syndicales se sont unies ce vendredi pour accroître l’opposition. Une multiplicité des acteurs qui s’est aussi laissée entrevoir avec la présence de différents corps de métier. Avocats, cheminots, personnels hospitaliers, ou encore employés de la poste, ils avançaient d’un même pas pour s’opposer à cette réforme. « Une manifestation interprofessionnelle est plus impactante », affirme Guy, ancien cheminot et aujourd’hui retraité. Avançant seul mais déterminé avec son gilet de la CGT, il est clair pour lui que c’est un moment essentiel qui doit réunir la majorité : « la retraite ça intéresse tout le monde ! Par conséquent, il faut que ce soit l’ensemble des professions qui réagissent. »

Le Barreau de Toulouse défile aux cotés du personnel médical. (Photo Aeimen Benallouche)

 

Pour la suppression de la réforme

« La retraite à points prévue par Macron est une très mauvaise idée où tout le monde va y perdre », affirme Marie-Claude. Portant le drapeau de Solidaires, elle revendique la suppression de la réforme de la retraite à points « qui ne peut qu’arriver à baisser les pensions à terme ». Cet avis semble partagé de tous. Comme le déclare une militante de la CGT, travaillant dans une maison d’enfants à caractère social : « comme la plupart de ceux présents sur cette mobilisation, je suis pour le retrait pur et simple de la réforme des retraites à points ».

Selon la CGT, les manifestants étaient 95 000 à défiler. (Photo Heather Cerf)

Pour les opposants à cette réforme, il est donc préférable de rester sur le régime général actuel, réparti par trimestre, mais en améliorant ce qui ne va plus. Changer radicalement de système n’est pas la solution attendue. Pour Guy, « la retraite par répartition telle qu’elle est actuellement n’est pas caduque, il suffit seulement de régler un certain nombre de problèmes et notamment celui du financement ». Il croit en la possibilité d’une meilleure distribution de l’argent qui permettrait de financer largement, voire d’augmenter, les retraites de tous sans augmenter l’âge de départ à la retraite. « Pourquoi demander aux gens de travailler plus ? On est dans un pays où techniquement on fait d’énormes progrès, mais où ces progrès ne servent plus à l’humain. C’est insensé comme formule … », déplore-t-il.

Marie-Claude en est aussi persuadée : « C’est essentiel de continuer à se mobiliser, de continuer d’expliquer aux gens pourquoi c’est une très mauvaise réforme. On continue le combat ! » Un combat qui n’a tout de même pas la même finalité pour tous. Tandis que certains défilent seulement pour s’opposer à cette réforme, d’autres formulent des critiques plus virulentes concernant le gouvernement en lui-même. La militante de la CGT avoue donc aussi être présente « pour dénoncer les actions de l’exécutif qui ne nous conviennent pas ». Comme « une suite logique de (leurs) actions », elle souhaite « une démission de ce gouvernement en place ».

Un problème intergénérationnel

« Personne ne sera épargné », affirme Guy. En effet, la retraite est un sujet global concernant l’ensemble de la population. Mais pour Marie-Claude, défiler aujourd’hui contre cette réforme est surtout « un devoir envers les générations futures ». Pour elle, les choses ne cesseront de s’aggraver avec un système de retraite à points.

De plus, la situation démographique de la France inquiète et entraîne une remise en question du système des retraites. Les baby-boomers vieillissent tandis que le nombre de naissances est en baisse. Or, le vieillissement de la population entraîne une diminution du nombre de cotisations sociales, qui permettent de financer en partie le système des retraites. Ainsi, comme l’explique Marie-Claude, « ceux qui ont 55 ans aujourd’hui vont peut-être encore s’en sortir correctement, mais pour les générations suivantes ça va vraiment devenir plus compliqué ».

Une manifestation intergénérationelle (Photo Aeimen Benallouche)

Finalement, vendredi en fin de journée, le Conseil d’État a formulé un avis relevant de nombreuses imprécisions dans le projet de loi. Un avis très critique donc qui complique la présentation du texte à l’Assemblée Nationale et risque de rallonger le calendrier prévu par l’exécutif. En attendant, l’intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU et organisations de jeunesse) a déjà appelé à la poursuite de la mobilisation. Selon un communiqué des organisations de jeunesse, le mercredi 29 janvier, veille de la conférence du financement, « doit être une journée massive de grève et de manifestations interprofessionnelles et intergénérationnelles ».