Cinélatino, festival mettant à l’honneur le cinéma latino américain, se tient à Toulouse du 22 au 31 mars 2019. Pour sa 31ème édition, il fait la part belle aux Caraïbes. À cette occasion, Eva Morsch Kihn, coordinatrice de la programmation fiction, muestra et de la plateforme professionnelle du festival, revient sur les raisons d’être de cette institution de la Ville rose. 

Cinélatino en est à sa 31ème édition. Comment expliquez-vous le succès du festival ?

C’est le fruit d’un travail acharné tout au long de l’année d’une équipe bénévole, d’un bureau d’association très actif, d’un conseil d’administration qui se bat. Ce sont 250 personnes impliquées, donc beaucoup d’énergie est donnée pour que le festival perdure et se renforce. On est très ancré, on a noué des partenariats très forts. Il y a tout un aspect renouvellent du public notamment à travers les actions qu’on a en direction des scolaires. C’est aussi grâce à une production latino américaine riche et variée, de meilleure qualité. Il y a des films qui attirent l’attention du monde entier sur la création latino américaine comme Roma.

Qu’est ce que l’association rencontre cinéma Amérique latine de Toulouse (ARCALT), à l’origine de Cinélatino ?

C’est une association qui a été créée en 1989 par un collectif d’associations de solidarité avec l’Amérique latine. Elles ont pris le parti de créer une structure orientée vers la solidarité cinématographique et culturelle avec les peuples d’Amérique latine. Parce que c’est l’art le plus accessible, populaire et parce qu’ils étaient cinéphiles. Aujourd’hui, il y a un bureau et un conseil d’administration d’une trentaine de personnes et 250 bénévoles.

Pourquoi choisir Toulouse pour faire rayonner le cinéma latino-américain ?

Le territoire de Toulouse est un concours de circonstances. Ce sont des personnes qui habitaient à Toulouse qui ont créé ce festival. Ce n’est pas une décision extérieure de choisir cette ville comme lieu du festival.

Dès les premières éditions, Guy Boissière, le fondateur de la structure, a œuvré pour que les films ne soient pas seulement présentés à Toulouse mais dans toute la région, au-delà de la Haute Garonne. On est dans toute la région ex Midi Pyrénées, une partie d’Aquitaine et de Limousin. Cette année, 72 salles participent.

On peut aussi dire qu’on a une extension nationale sous des formes différentes.

La chaîne Ciné + est partenaire de Cinélatino depuis longtemps et, pendant le mois de mars, elle partage des films latino américains qui sont liés au festival. On a aussi un partenariat avec Univers ciné qui fait que, partout en France, des films de la programmation sont accessibles. Cette année particulièrement, la date du festival a été choisie comme lancement de films en sortie nationale. Ce qui fait que les films sont à Toulouse et dans toute la France en même temps.

Ciné latino est-il aussi un tremplin pour présenter des films à des programmateurs français ?

L’ambition du festival est de montrer le cinéma latino américain à tous les publics. Pour cela, on a des séances scolaires, dans des centres de loisirs, des actions avec les prisons, des séances gratuites, dans des médiathèques. On a des multitudes de façon de faire connaitre et d’aller en direction des publics.

Par ailleurs, le festival fait un travail en direction des professionnels, qui sont les programmateurs de salles, de festivals, les distributeurs, les vendeurs, les producteurs, qu’ils soient latino américains ou européens. Soit à travers le festival, mais plus spécifiquement, on a une plateforme professionnelle sur trois jours. Là, on a des professionnels qui viennent spécifiquement pour rencontrer des porteurs de projets ou pour voir des films qui ne sont pas finis.

Symbole du renouvellement du cinéma latino américain, cette année l’accent est mis sur les Caraïbes et spécifiquement Cuba. Pourquoi ce choix ?

On s’est rendu compte que, de façon éparpillée, il commençait à y avoir une production renforcée, plus intense et de meilleure qualité dans la zone. On a décidé de la rassembler pour lui donner une visibilité. C’est quelque chose qui est en train de se passer, en train de se faire.

En construisant une programmation, on donne une lecture de ce qui est en train de se passer, ce qui n’est pas visible si on ne s’approche pas.

Donc c’est vraiment là le rôle du festival : être à l’écoute, refléter les mouvements de production, les mouvements esthétiques ou les mouvements thématiques. Il y a des choses qui traversent totalement la création et la production. L’idée est de le mettre ensemble pour pouvoir donner une programmation qui peut être analysée comme étant une photo d’un moment x.

À quoi ressemble cette photo en ce moment ?

C’est un territoire qu’on connait mal car complexe, composé uniquement d’îles souveraines ou françaises, hollandaises etc. Il y a une production qui se structure, des auteurs qui émergent. L’émergence est vraie partout sauf pour Cuba.

Cuba a une longue histoire du cinéma, une cinématographie très forte, très connue avec des maîtres du cinéma international, avec un institut de cinéma qui a été pionnier. A Cuba on est plus dans le renouveau. A un moment donné il y avait peu ou pas de films, ou il y avait des films qu’on pouvait apprécier en tant que programmateur mais plus difficiles à montrer à un grand public. Là, on se retrouve tout à coup avec une production, avec des réalisateurs et des producteurs, qui sont jeunes mais qui ont une maturité dans la façon de faire des films. Claudia Calviño, la réalisatrice invitée cette année, incarne le plus cela.