À l’image de Nadia Pellefigue, Romain Cujives ou Claude Raynal, les candidats de gauche aux municipales 2020 à Toulouse se déclarent au compte-goutte. Alors que les présidentielles 2017 ont bouleversé l’échiquier politique dans la Ville rose, l’heure est à l’état des lieux à un an du scrutin.

« Ma conviction est qu’il faut dépasser les appareils politiques et que les vieilles méthodes ne peuvent pas être celles qui imprègnent l’avenir. Donc clairement, je ne solliciterai pas l’investiture du Parti socialiste » déclarait Nadia Pellefigue le 27 février 2019 à Univers-cités. Avec cette candidature indépendante, la Vice-présidente de la région Occitanie ajoute une inconnue à l’équation déjà complexe des gauches toulousaines en vue des élections municipales 2020.

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La candidate du mouvement Une nouvelle énergie rejoint les candidats socialistes Romain Cujives, Claude Raynal et Jean-Pierre Bel en attente d’investiture. Parallèlement, Europe Ecologie Les Verts a rejoint le mouvement Archipel citoyen tandis que le Parti communiste, la France insoumise et la République en marche et Génération·s laissent planer le doute quant à leur participation à la course pour le Capitole.

Le Parti socialiste ne séduit plus

Simultanément à une perte d’adhérents en Haute-Garonne, le Parti socialiste, à la tête de la Ville rose jusqu’en 2014, fait face à des défections en son sein. Pierre Cohen, l’ancien maire socialiste de Toulouse a changé de couleur politique, ou tout du moins de nuance. Il a rejoint Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon, depuis sa création.

Nadia Pellefigue, pour sa part, risque l’éviction en candidatant sous la bannière d’Une nouvelle énergie.

Nicolas Lioi-Nero, jeune socialiste explique : « La nouvelle a été assez mal perçue par les quelques 500 militants de la fédération, qui pourtant accordaient à Nadia Pellefigue le crédit d’être très bien perçue dans la société civile. Il y a un esprit de famille dans notre parti politique qui impose un respect strict des règles et un devoir de confiance entre tous. »

De terre socialiste à terre insoumise

En 2017, la France insoumise s’est positionnée comme la première force de gauche en terre toulousaine au premier tour, au détriment du Parti socialiste, pourtant bien implanté dans la région. Pour rappel, le département de Haute-Garonne et la région Occitanie sont respectivement dirigés par Georges Méric et Carole Delga, deux élus socialistes.

À un an du scrutin municipal, les regards se tournent donc vers les insoumis toulousains. Pour l’instant, ils se concentrent principalement sur les prochaines échéances européennes de mai, explique Antoine Bertrand, jeune insoumis. Dans d’autres grandes villes françaises, comme Lyon, le mouvement a déjà lancé des initiatives participatives citoyennes en vue du scrutin de 2020. À Toulouse, le projet est également en préparation :

« Concernant 2020, nous sommes à ce jour dans une démarche programmatique autour du groupe d’action Mairie/Métropole où nous élaborons des propositions et passons des auditions avec des acteurs clés du territoire. Une plateforme participative sur le modèle de Lyon est en cours d’élaboration », confie Antoine Bertrand.

Une union des gauches évoquée mais pas assumée

Face à ce saupoudrage de candidatures à gauche, les candidats se disent prêts à l’union. C’est du moins ce qu’évoque Pierre Lacaze, secrétaire départemental Haute-Garonne du Parti communiste lors de la soirée de soutien à l’Humanité du 27 février dernier.

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Le 3 octobre 2018, six formations de gauche toulousaine ont annoncé par voie de presse leur réflexion commune commencée à l’été. Sur fond de critique de la municipalité en place, les élus reconnaissent la nécessité de faire front commun pour le Capitole en 2020. Cette évocation encore timide devra être suivie d’alliances concrètes pour éviter de reproduire l’échec de 2014.

L’incertitude face à La République en marche

Le choix de l’union pourrait être impulsé par une désunion de la droite de l’échiquier politique toulousain. En effet le doute plane sur l’étiquette du Maire sortant, Les Républicains.  Si Christophe Castaner évoquait l’année dernière un possible soutien au maire actuel, Jean-Luc Moudenc, la question d’une tête de liste En Marche reste ouverte. Il y a peu, le parti d’Emmanuel Macron annonçait la création d’un micro-parti toulousain en vue des municipales 2020. Nicole Belloubet ne fera pas de l’ombre à d’autres membres de LREM.

L’ancienne adjointe à la culture sous la municipalité socialiste entre 2008 et 2010, a été nommée Ministre de la Justice dans le gouvernement Philippe en juin 2017. Celle qui avait été candidate à l’investiture PS en 2007 pour la course à la Mairie a mis fin en juin 2018 aux rumeurs qui couraient sur sa candidature sous l’étiquette LREM. Elle ne concurrencera donc pas sa belle-fille, Nadia Pellefigue.

Avec Juliette Barot