Depuis le 13 septembre dernier, la tension monte entre le gouvernement central espagnol et la Généralité de Catalogne. En cause, l’organisation d’un référendum sur l’indépendance, le 1er octobre prochain. Madrid ne l’entend pas de cette oreille. Nous avons recueilli à Toulouse, le sentiment d’acteurs concernés par la question.

Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, ne veut décidément pas céder d’un pouce sur la question. Heure après heure, le gouvernement central espagnol semble de plus en plus fermé à la tenue du référendum sur la possible indépendance de la Catalogne, prévu pour ce dimanche 1er octobre. 

Arrestations de responsables politiques catalans, confiscations de bulletins de vote, prise de contrôle partielle de la police catalane, interruption du versement des 1,4 milliards mensuels dûs à la Catalogne, et menaces de poursuites judiciaires pour sédition contre ceux qui manifestent ou iront voter : Madrid fait tout pour décourager le gouvernement catalan. 

La tension monte donc et personne ne sait vraiment ce qu’il va se passer dimanche. Depuis Toulouse, nombreux sont celles et ceux qui s’inquiètent de cet état de fait. Le seul mot d’ordre chez les personnes que nous avons rencontrées : le respect de la démocratie. 

Georges Trescases, président des Cadres catalans de Toulouse, déclare en effet : « Nous ne sommes pas une association à vocation politique, et nous ne sommes pas représentants de la Généralité, puisque nous travaillons pour le rayonnement économique de la Catalogne Nord. Nous partageons toutefois l’idée que la démocratie doit être respectée. Personne n’était sûr que le Oui à l’indépendance l’emporte, donc laissons les Catalans s’exprimer. Ce dont on peut être sûr, c’est que les Catalans ne lâcheront rien. »

« Cela rappelle de mauvais souvenirs »

Julien Couturier trésorier, du Casal Català à Toulouse, association qui essaye de perpétuer et diffuser la culture catalane dans sa globalité, partage l’avis de Georges Trescases et ajoute : « Certains nous reprochent de ne pas en faire assez, de ne pas choisir un camp ou de ne pas organiser des manifestations de soutien à Toulouse. Mais, nous ne pouvons pas faire plus. Nous avons pour but de faire vivre la culture catalane, qui ne se résume pas uniquement à la Généralité de Catalogne. »

Il nous a aussi fait part du sentiment qui règne au sein des membres de l’association : « Le problème est que cela rappelle à beaucoup de mauvais souvenirs… Le Casal à Toulouse a d’ailleurs été créé par des réfugiés de la guerre civile. »

« Je ne rentrerai pas voter ce weekend. »

 « Il est très difficile de s’orienter désormais. J’ai été pour l’indépendance dans le cadre d’un processus légal et pacifique. Le mouvement a toujours été pacifique jusque là. Mais désormais les deux gouvernements se raidissent et campent sur leurs positions. » Lojaina, jeune étudiante catalane de 21 ans actuellement en échange à Sciences Po Toulouse, se dit « inquiète et perplexe ».

Elle qui est originaire de Vilanova i la Geltrú à 40 kilomètres de Barcelone, ne rentrera pas voter ce weekend.

« Il se passera forcément quelque chose dimanche. Quoi ? Je ne sais pas, mais je crois que ce ne sera bon, ni pour un camp ni pour l’autre. Je ne rentrerai d’ailleurs pas voter ce weekend. Et quand bien même il y a vote, quelle valeur aura le résultat ? »

Alexis, 22 ans étudiant français à Sciences Po Toulouse, se pose la même question, quant à la valeur de ce vote de dimanche. En ce qui le concerne, il sera à Barcelone ce weekend. Il s’est petit à petit impliqué dans la cause, lui qui se revendique comme un citoyen du monde, aussi partisan de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie où il a longtemps vécu : « Début septembre, j’ai passé une dizaine de jours à Barcelone. J’avais déjà rencontré des amis jeunes étudiants et journalistes. J’y ai vécu le 11 septembre dernier. C’est le jour de la Catalogne. Des millions de gens se rassemblent pacifiquement dans la rue, débattent. On partage tous un idéal européen social, démocratique et humain. Alors forcément, tu finis par t’impliquer. »

« Désormais, la volonté semble surtout de s’exprimer contre l’autoritarisme du pouvoir central. Ce serait d’ailleurs très naïf que de croire qu’après dimanche les gens vont rentrer tranquillement chez eux, mais j’espère que cela restera pacifique. »

Enfin, le Casal Català ouvrira son local dans l’après-midi de ce dimanche 1er Octobre, pour suivre le déroulement des évènements qui seront historiques quoi qu’il arrive. Comme nous l’a confié Julien Couturier : « Le sujet est délicat, et l’on sent que les membres de notre association notamment ont besoin de parler, d’échanger, et de discuter ensemble pour se rassurer. »

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