Militant au sein du FNLKS (Front de libération national Kanak et socialiste), Elvys Gourou, Kanak résidant à Albi (Tarn), milite pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie depuis la métropole. Au lendemain des résultats, il résume la situation et confie sa joie face à l’issue du vote.
Le non à l’indépendance l’a emporté avec 56,7% des suffrages exprimés. Quel est votre sentiment face à ce résultat ?
On constate que le nombre d’indépendantistes est en hausse depuis les élections provinciales de 2014, et c’est une bonne nouvelle ! Les sondages annonçaient que les résultats seraient de 30% pour le oui et de 70% pour le non à l’indépendance, et tout le monde a été stupéfait de voir que le oui a dépassé la barre des 40%. Même si ce sont les loyalistes qui sont passés devant, il n’y a pas vraiment de déception. Il y a deux autres consultations de prévues, celle-là nous servait à connaître l’opinion, à se rendre compte où on en était et à faire le point. Le soir des résultats, les partisans du oui ont autant fait la fête que les partisans du non ! On pensait vraiment qu’il y aurait un grand écart entre les deux camps, et ça n’a pas été le cas, alors même que le parti travailliste (NDLR : qui a obtenu un siège et 6,4% des suffrages aux élections de 2014, et dont l’électorat est surtout constitué de Kanaks) a appelé au boycott du vote.
Comment expliquez-vous que le « oui » à l’indépendance ait tant progressé ces dernières années ?
La participation a été beaucoup plus forte cette année que les années précédentes. En tant que Kanaks, on a su être là pour ce moment important. En plus de ça, ce qu’on a remarqué en militant là-bas et ici en métropole, c’est que beaucoup de personnes appartenant à d’autres communautés ont adhéré au projet présenté par le FNLKS. Entre les accords de Nouméa en 1998 et aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé. Ça fait vingt ans, le projet a évolué et plus de personnes s’y reconnaissent. Le mot indépendance ne fait plus aussi peur aujourd’hui qu’il y a trente ans.
Dans ce cas, pensez-vous que l’indépendance sera actée dans les prochaines années ?
Dans les accords de Nouméa, il y a écrit que si c’est le non qui l’emporte pour le premier référendum, il y en aura un deuxième et un troisième. Mathématiquement, si on regarde le nombre de personnes qui ont voté pour le oui, celles qui ne l’ont pas fait mais qui partagent notre vision et les Kanaks qui ont boycotté le vote cette année, on pourrait arriver à l’indépendance. Politiquement, avec 80% de Kanaks indépendantistes, il serait illusoire de croire que la Nouvelle-Calédonie ne sera jamais indépendante.
Maintenant que le référendum est passé et les résultats actés, que va-t-il se passer en Nouvelle-Calédonie ?
La situation va stagner un peu pendant les prochaines semaines et les prochains mois. On attend un comité signataire en décembre à Paris avec le premier ministre. En attendant, tous les camps vont devoir faire le bilan du référendum, reconstituer leur électorat. En 2019, il y a les élections provinciales, et les partis seront occupés à faire campagne. Leur stratégie c’est de de laisser passer l’orage pour se concentrer sur des choses immédiates : obtenir des sièges au congrès et des postes au gouvernement. En 2020, on pourra penser aux autres consultations pour l’indépendance.
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