Quatrième ville de France, Toulouse pointe à une inquiétante dix-septième place en Ligue 1 à trois journées de la fin du championnat. Comme depuis plusieurs saisons, le TFC lutte pour se maintenir dans l’élite. Trois fans racontent la galère d’être supporter du club. Pour le meilleur et surtout le pire…

En ce premier matin de printemps, le thermomètre affiche un petit degré. Les Toulousains sentraînent dans un froid hivernal, devant une poignée dirréductibles supporters. La peur de la relégation en Ligue 2 anime les conversations. Le TFC lutte pour se maintenir dans l’élite comme depuis plusieurs années. Un débat tendu a lieu entre les pessimistes et les optimistes. Parmi eux, Robert, un retraité de 76 ans. Immense passionné, le grand gaillard est une bible du football. Éternel nostalgique, il évoque ses meilleurs souvenirs. « J’ai vécu la victoire en coupe de France en 1957 ou encore le succès face à Naples de Maradona en Coupe d’Europe en 1986 », raconte-t-il tout sourire.

« Je ne vais plus au Stadium car j’y souffre trop »

Son visage se ferme au moment de parler du présent. Abonné depuis 40 ans, Robert ne va plus au stade depuis cinq ans. « Je souffre trop dans la tribune, il faut que je pense à mon coeur. C’est pénible et désespérant que j’en sois arrivé là », se lamente cet admirateur du génial Alberto Marcico.

À quelques mètres de lui, Éric, acquiesce en entendant le nom de l’ancien héros local. À 47 ans, il est désabusé. Chauvin dans l’âme, celui qui habite à deux pas du Stadium est désabusé par la situation. « Ils sont en train de tuer ma passion à petit feu. Je deviens presque indifférent au TFC« , explique l’homme à la recherche d’emploi. Eux ? Ce sont les dirigeants du club. « Ils font n’importe quoi sans être remis en cause« , accuse-t-il avant de se lancer dans une comparaison osée. « Si la nourriture d’un restaurant n’est pas bonne, il faut changer le chef cuisinier. Chez nous, rien ne marche mais on continue avec les mêmes« , se lamente Éric, très remonté. 

Transmettre l’héritage malgré tout

Plus calme, Karim observe lentraînement en solitaire. À 41 ans, le chauffeur de bus a pris lhabitude de venir une fois par semaine ici pour suivre ses joueurs favoris en dépit des déceptions accumulées. « Je suis malheureux mais ma passion reste intacte », explique ce papa d’un garçon âgé de sept ans. « Je lui ai transmis lhéritage. Malgré les défaites, il est à fond derrière le TFC ! », se réjouit le père, fier de son fils. Comme dit l’adage, le cœur a ses raisons que la raison ignore…

Photo de Une : © Indians Tolosa 1993

Mehdi Elouar et Tom Binet