Deux collectifs d’associations avaient lancé un appel au rassemblement partout en France, samedi 30 janvier, pour manifester contre l’état d’urgence et la déchéance de nationalité. A Toulouse, plus de mille personnes ont défilé de la place Arnaud Bernard jusqu’aux allées Charles de Fitte. Un impressionnant dispositif policier avait été déployé, aucun incident majeur n’est à déclarer.

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Samedi 30 janvier, 13h45, les manifestants se rassemblent tranquillement sur la place Arnaud Bernard. Ils déploient leurs bannières et leurs drapeaux sous les yeux des forces de l’ordre qui forment un cordon de sécurité au bout de la place. Impossible de marcher vers le Capitole. Sur la droite, une douzaine de camions de CRS stationnent et bloquent l’accès au boulevard d’Arcole. Les souvenirs laissés par les manifestations contre le barrage de Sivens à l’automne 2014 sont encore frais. Ce samedi, le cortège doit rester calme, et ne pas dévier du parcours négocié avec la préfecture.

Éviter les débordements

La veille, une militante du DAL (Droit au logement) se réjouissait du succès rencontré par l’appel à manifester, qui a trouvé un écho dans environ 70 villes de France. Mais elle confiait en même temps craindre des débordements. Si la manifestation dégénère, la responsabilité sera alors immédiatement imputée au DAL et aux autres associations signataires de l’appel.

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Passé 14h, le DAL prend la tête de la manifestation. Direction St-Cyprien. Tandis que le cortège descend le boulevard Lascrosses, les slogans fusent, repris mollement par quelques manifestants : « contre l’Etat d’urgence, résistance », « de l’air, de l’air, ouvrez les frontières », « ils nous assignent à résidence, on leur répond résistance »…

Cette mobilisation à l’échelle nationale s’inscrit dans un contexte politique particulier : les manifestants s’opposent à l’extension de la déchéance de nationalité, à la réforme de la Constitution, et à la prolongation de l’état d’urgence de trois mois supplémentaires. Autant de propositions du gouvernement qui devraient être débattues ces jours-ci par les parlementaires. Et sans doute adoptées.

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Une trentaine d’associations du département ont néanmoins choisi d’appeler à manifester. Le long de la marche, on croise des drapeaux du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), du PCF (Parti communiste français), des pancartes contre l’islamophobie, une banderole portée par les étudiants des facs toulousaines, des appels à la libération de la Palestine, un drapeau français, un autre du Parti Pirate…

Moment de flottement à St-Cyprien

Des cordons de policiers s’étirent en travers des rues adjacentes. Tout a été fait pour que la manifestation ne dégénère pas. A 15h30, arrivé au rond-point entre les allées Charles de Fitte et St-Cyprien-République, le cortège s’arrête face à des barrières anti-émeute et des dizaines de CRS. L’accès au métro St-Cyprien est bloqué. Les organisateurs lancent un appel à la dispersion. Certains manifestants obtempèrent, d’autres s’installent sur le macadam autour du rond-point.

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Un petit groupe se forme autour d’une enceinte diffusant de la hard tech, quelques personnes s’allongent au sol pour former un petit « tas d’urgence », face à des CRS impassibles. Petit à petit la masse de manifestants se décompose et la place se vide.

C’est l’heure des comptes pour les organisateurs. Mohamed, du DAL, se déclare plutôt satisfait : « La manifestation a été préparée dans l’urgence, on avait prévu à peu près mille personnes, là je pense qu’on est plus ». « C’est pas mal quand on pense que ça s’est fait en quatre jours » ajoute-t-il, tout en concédant que le parcours décidé avec la préfecture n’a pas offert autant de visibilité que les associations le souhaitaient.

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