Le 10 mars 2020, le Zénith de Toulouse abaissait le rideau pour une durée indéterminée après un dernier spectacle. Un an plus tard, ses portes n’ont toujours pas rouvert, avec comme conséquence, presque invisible, la perte pour une centaine d’étudiants de leur travail. 

La Belle au bois dormant porte donc bien son nom. Dernier spectacle joué au Zénith de Toulouse, il a laissé cette imposante salle endormie depuis maintenant plus d’un an. De nombreux spectacles et concerts attendus comme Sting, Woodkid ou PNL ont dû être annulés ou reportés. Une situation qui laisse un grand vide chez des amateurs de musique et de spectacle qui avaient prévu des soirées festives. Mais ce vide est d’autant plus grand chez de nombreux jeunes, travaillant une dizaine d’heures par semaine au Zénith à côté de leurs études pour subvenir à leurs besoins.

« Juste la boîte d’intérim qui nous rappelle plus et plus aucun salaire. »

« J’étais en intérim là-bas mais c’était régulier presque comme un contrat, je ne travaillais que pour eux, tout le temps les mêmes missions sur un même type d’évènement. Les aides financières mises en place on n’y a pas droit parce qu’on n’a pas été licenciés, juste la boîte d’intérim qui nous rappelle plus et plus aucun salaire », raconte Coline, 20 ans, qui a travaillé pendant deux ans au Zénith. Ils étaient une centaine, hôtes et hôtesses d’accueil, guichetiers ou serveurs et se sont retrouvé du jour au lendemain sans rien. « On était tous étudiants« , ajoute Coline.

La situation a commencé à se tendre le 29 février 2020 quand le ministre de la Santé a interdit les rassemblements de plus de 5 000 personnes en milieu confiné, divisant alors par deux la capacité d’accueil du Zénith (jusqu’à 11 000 personnes), et donc le recours aux intérimaires. Puis, le 9 mars étaient interdits les rassemblements de plus de 1 000 personnes rendant quasiment impossible tous les évènements dans une si grande salle. « Les derniers concerts que j’ai faits c’était en février, parce que ça commençait déjà à s’effondrer », explique Coline. Un constat partagé par Milena, 23 ans, qui a travaillé pendant deux ans et demi au Zénith, « Fin février, les jauges de public ont commencé à descendre, puis une semaine avant le confinement, ça s’est écroulé. »

La nécessité de retrouver un nouvel emploi

« Tu assistes aux concerts, tu vois du monde, il y a une atmosphère qui est spéciale, c’est grand, il y a une excitation très chouette. » Comme en sourit Coline, ce travail peut paraître plaisant mais il était essentiellement un moyen pour des étudiants d’avoir un salaire, pour pouvoir manger. « Ça a été un peu le stress pour nous tous, on s’est dit qu’il faudrait vite retrouver un taff étudiant pour s’en sortir », se souvient Milena. D’autant plus que l’hypothèse de réouverture du Zénith n’a jamais été d’actualité, même dans les moments où la Covid était la moins présente sur le territoire. « On sait que ces rassemblements c’est ce qui ne va rouvrir qu’en dernier. C’est vrai que réunir des milliers de personnes pendant une pandémie ça n’a pas trop de sens. Je me suis dit qu’il allait falloir trouver autre chose parce que là c’est mort », explique lucidement Milena.

Il n’y a plus grand chose

Autre chose mais quoi ? Quelle possibilité pour ces jeunes qui avaient l’habitude de travailler depuis plusieurs années au Zénith ? « Sans l’événementiel et la restauration, difficile de trouver un job compatible avec des horaires d’étudiants, il n’y a plus grand-chose« , relève Milena. Avec des cours toute la journée, les bars et les évènements se déroulant le soir étaient prisés par les étudiants avant la crise. Aujourd’hui, et encore plus avec un couvre-feu à 18h, difficile voire impossible pour certains de suivre les cours la journée et de travailler à côté.

Dans le même temps, jeunes musiciens et intermittents du spectacle sont également en pause du fait de ce sommeil zénithal. Et tout le monde n’a qu’une hâte, que cette belle salle tout endormie retrouve le prince qui la ramènera à la vie : son public.

 

Photo de couverture : « Le Zénith à midi » by jacme31 is licensed under CC BY-SA 2.0