La mairie de Toulouse souhaite accoler le nom de Guy Novès à l’esplanade et à l’espace JOB, dans le quartier des Sept-Deniers. Le collectif JOB s’y oppose et dénonce l’absence de concertation. Le principal intéressé, lui, veut éviter la controverse.

guy_noves_-_us_oyonnax_vs._stade_toulousain__19th_april_2014.jpg

La présidente du collectif JOB, Anne Péré, a eu Guy Novès au téléphone : « Il ne souhaite pas créer de polémique » assure-t-elle. Pourtant, depuis quelques semaines, le nom de l’ancien entraîneur du Stade Toulousain et actuel sélectionneur du XV de France est sur toutes les lèvres dans le quartier des Sept-Deniers.

Et pour cause, la mairie a annoncé en janvier qu’elle avait l’intention de renommer l’espace et l’esplanade JOB en « espace JOB-Guy-Novès » et en « place Guy Novès ». Un véritable « contresens » pour le collectif d’associations à l’origine de la rénovation de l’ancienne fabrique de papier à cigarettes. En accolant le nom de Guy Novès à celui de l’ancienne entreprise, les membres du collectif JOB craignent l’effacement de la mémoire sociale du lieu.

Aucun lien entre Novès et l’espace JOB

Dans les années 1980, l’usine JOB employait environ 450 salariés. A sa fermeture, en 2001, ce sont ces anciens salariés et leur syndicat qui ont empêché la destruction du bâtiment art déco, et envisagé sa transformation avec les associations du quartier. Grâce à leur mobilisation, le bâtiment a été racheté en 2005 par la mairie (déjà menée par Jean-Luc Moudenc) et a été transformé en centre culturel et citoyen avec une piscine, une salle de spectacle, la MJC des Ponts Jumeaux, une école de musique, un studio d’enregistrement…

Une plaque au mur rappelle que l’inauguration de l’espace JOB a eu lieu en octobre 2015, en présence de 2 000 personnes. Beaucoup d’habitants considèrent que le baptême a été fait et qu’il n’est pas nécessaire de revenir dessus.

Les membres du collectif soulignent aussi que Guy Novès n’a pas de réel lien avec la structure. Même si le stade Ernest-Wallon se niche à 500 mètres à vol d’oiseau.

img_1129.jpg

Des revendications ignorées par la municipalité

Mais ce n’est pas tellement le nouveau sélectionneur de l’équipe de France qui pose problème. Surtout, le collectif n’a pas l’impression d’être entendu par les acteurs politiques. Contrairement à la procédure habituelle, aucune concertation n’a eu lieu en amont avec le comité consultatif de la dénomination des voies. Et à présent les membres du collectif n’arrivent pas à obtenir de rendez-vous avec le maire ou ses adjoints.

Dans un courrier reçu fin janvier, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (LR) proposait la création d’un « espace mémoriel et historique pour combler la lacune » de notoriété du lieu. Une idée plutôt bien reçue par le collectif. Mais loin d’atténuer son opposition au changement de nom.

D’autant plus que les membres de l’association ont été choqués d’entendre ce même Jean-Luc Moudenc déclarer quelques jours plus tôt, le 25 janvier sur France Inter, que les associations campaient historiquement « dans une disposition négative et oppositionnelle ». Des qualificatifs « réducteurs » selon Anne Péré, qui souligne que le collectif JOB et la mairie de Toulouse ont toujours géré la structure ensemble. L’espace JOB est un lieu d’expérimentation de la démocratie participative, rassemblant 6 élus et 6 membres du collectif.

Guy Novès honoré, mais peu concerné

Les habitants du quartier continuent malgré tout à chercher à se faire entendre : une pétition pour la sauvegarde du nom de JOB a déjà récolté plus de 1 800 signatures.

Au téléphone, Guy Novès s’est dit honoré que la marie de Toulouse veuille donner son nom à un lieu emblématique de la métropole, tout en précisant qu’il n’accordait pas d’importance au fait que son nom soit donné à un lieu ou à un autre, rapporte Anne Péré, la présidente du collectif. L’entraîneur du XV de France a même appelé Jean-Luc Moudenc pour éteindre la polémique, mais il n’est « pas allé jusqu’à stipuler à la mairie qu’il ne voulait pas que son nom soit donné à l’espace et la place JOB, » précise Anne Péré.

Les associations de l’espace JOB entendent bien se faire force de proposition et chercher d’autres endroits qui pourraient prendre le nom de Guy Novès, comme « le stade Ernest-Wallon, une tribune du stade, ou la place devant l’enceinte…». Difficile pour autant de refuser un changement de nom chez soi, pour l’exporter chez les autres. « L’idéal serait un bâtiment ou une voie en construction comme la ZAC de Ponts Jumeaux, » précise Anne Péré.