A Toulouse, il existe des associations qui œuvrent pour la solidarité à l’intérieur des murs de la ville rose, mais certaines s’exportent aussi à l’international. Le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) de Haute-Garonne en est une. Au cours d’une soirée théâtre forum, « Univers-Cités » est allé à leur rencontre.

Quel meilleur moyen que le théâtre pour faire passer des idées et/ou dénoncer des situations catastrophiques. Les plus grands l’ont intronisé (Ionesco dans Rhinocéros). Le CCFD 31 a repris cet art pour dénoncer les dérives du monde agricole non seulement en France, mais partout dans le monde. Cette association est une ONG (Organisation Non Gouvernementale) créée en 1984 à Toulouse, mais existant depuis 1961 à l’échelon national. Comme ONG chrétienne, elle entend placer l’homme au cœur du développement (http://ccfd31.fr/index.php/qui-sommes-nous/ccfd-en-haute-garonne). Chaque année, le CCFD 31 s’attache à défendre un thème particulier à l’économie sociale et solidaire. Cette année, c’est la situation des petites exploitations agricoles face aux énormes groupes agro-alimentaires qui est mis sur le devant de la table.

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Une situation inquiétante

C’est sous la forme de plusieurs petites scénettes que les bénévoles du CCFD 31 ont sensibilisé le public de l’auditorium de l’Espace des diversités. Dans chacune d’elles, était mis en lumière le malheur, le désespoir mais aussi l’insoumission de petits agriculteurs des quatre coins du globe face aux grands propriétaires terriens. Ces derniers défendent le modèle d’une agriculture intensive dans le non respect du développement de la planète, où le mot profit revient sans cesse. L’Humain est mis de côté voir négligé.

250px-crop_duster.jpgEn effet, au travers des textes, l’ONG transmet des informations qui font froid dans le dos. Un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. Des familles entières sont assassinées au Brésil dans le seul but de récupérer leurs terres. Chaque semaine, ce sont près de 200 exploitations agricoles qui ferment en France. Tout cela est inconnu du grand public. Mais on est prêt à tout sacrifier sur l’autel du productivisme.

L’objectif du CCFD est donc d’abord d’informer le public de ces pratiques. La cause de ces malheurs est le modèle ultra-productiviste du monde agricole aujourd’hui. Et rien n’est fait pour le contrecarrer. Par exemple, en France, seuls 20% des exploitants touchent 80% des subventions de la PAC.
Face à cette situation inquiétante, le CCFD propose un modèle radicalement différent, l’Economie Sociale et Solidaire.

Rencontre avec Pierre, bénévole au CCFD 31

« Le commerce équitable, ce n’est pas que du café »

« Univers-Cités » : Pourquoi pense-vous que l’ESS puisse et doit s’appliquer au monde de l’agriculture ?

Pierre : Pourquoi ne le devrait-elle pas ? Aujourd’hui, elle s’est largement développée, les coopératives agricoles en tête. Quand la taille d’une exploitations augmente, elle perd de son âme. Prenons l’exemple du Crédit Agricole. Il est créé à la base pour être le soutien des agriculteurs. Au final, il s’est prêté au jeu de la concurrence et possède désormais des filiales dans des paradis fiscaux. Les agriculteurs sont passés au second, voir au troisième plan.

Menez-vous des actions concrètes sur la ville de Toulouse ?

Nous soutenons les AMAP. Par la proximité, elles renouvellent le lien entre consommateur et producteur. Pour cela, nous travaillons avec des partenaires suisses qui ont réussi à implanter un système très efficace dans leur pays (plus d’informations sur ce site : http://www.acpch.ch/websites/acp/index.php/accueil)
Mais l’objectif premier du CCFD 31 est à but communicatif. Nous sommes là pour dénoncer. Comme nous l’avons fait ce soir ! Le commerce équitable, ce n’est pas que du café, ce doit être l’agriculture dans son ensemble.
Nous aidons également de jeunes agriculteurs à s’installer dans la région, à proximité des villes et en maraîchages pour les orienter vers ce nouveau modèle, l’agriculture de proximité.

Est-ce que vous pensez que votre travail a un véritable écho auprès du monde agricole français ?

Je pense que oui. Le monde agricole subit ce qui lui a été imposé, un modèle productiviste. Le nombre d’agriculteurs diminue. Mais parmi les « survivants », il y en a qui se mobilisent et qui commencent à former des groupes : les bios, la confédération paysanne pour ne citer que les plus connus. Ils réclament une PAC redéployée, la fin de la course à l’hectare, une agriculture plus respectueuse de l’environnement…
On entend partout qu’il faut soutenir les agriculteurs, qu’ils sont une nécessité pour la société. Mais encore aujourd’hui, certains d’entre eux n’ont pas de quoi manger en France…