Le 10 avril 2014, Dominique Baudis s’est éteint à l’âge de 66 ans. Personnalité de premier plan dans la région toulousaine comme ancien maire après avoir été journaliste dans les années 1970, il est pourtant peu connu des plus jeunes. « Univers-Cités » revient sur la carrière de cet homme aux visages multiples et plus précisément sur sa dernière fonction de Défenseur des Droits.

« Univers-Cités » a posé une question toute simple à quatre étudiants toulousains : “Qui est Dominique Baudis ?”, une question simple à laquelle il a été difficile de répondre pour certains de nos interviewés.
Dominique Baudis, devant le Parlement Européen, septembre 2009

Aurélien, licence 3 pluridisciplinaire professorat des écoles à Paul-Sabatier:
“Je ne sais pas qui c’est, je devrais le savoir ? Je suis à Toulouse depuis le début de l’année scolaire, et j’en ai jamais entendu parler.”

Delphine, master 1 à la Toulouse Business School
“Je ne sais pas, il est pas décédé récemment ? Je ne me tiens pas vraiment informée de l’actualité.”

Sophie, 5e année de Sciences Po
“C’est l’ancien maire de Toulouse, non ? Il est mort il y a peu il me semble. Il a été ancien ministre aussi, je crois. J’ai vu une exposition au Capitole qui lui rendait hommage il y a quelques jours. Grâce à cette expo, j’ai appris qu’il avait trois enfants mais j’ai pas réussi à savoir ce qu’il avait fait pour Toulouse, la première ligne de métro si je me souviens bien. Je n’en sais pas plus.”

Farida, master 2 administrations et activités culturelles à l’UT1
“Moi je sais qui c’est, c’est l’ancien maire, ancien ministre aussi. J’ai 34 ans et j’étais étudiante quand il était maire. Il a été maire pendant quoi, quinze, vingt, trente ans ? Je ne sais plus. La première ligne de métro c’était lui. Les Abattoirs ont été inaugurés pendant son mandat. Puis il a eu des problèmes lors de l’affaire Alègre, mais il a été blanchi.
C’était un centriste, le même parti que Douste-Blazy, c’était quoi déjà ? Il était journaliste à l’origine.”

A la question “Qui est Dominique Baudis ?” « Univers-Cités » a tenté de répondre en s’intéressant tout particulièrement à sa dernière fonction officielle.

Dominique Baudis a eu une carrière professionnelle aux mille visages. Embrassant d’abord la carrière de journaliste, il devient à la fin des années 1970, le présentateur vedette du 20h de TF1. Il succède ensuite à son père à la mairie de Toulouse et démarre ainsi sa carrière politique. Il deviendra en effet par la suite député européen, député de la Haute-Garonne et président du Conseil régional de Midi-Pyrénées. Dans les années 2000, il occupe successivement les postes de président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de l’Institut du monde arabe.
Le 22 juin 2011, Nicolas Sarkozy le nomme Défenseur des Droits. A la tête d’une autorité administrative indépendante, le Défenseur des Droits est chargé de veiller au respect des règles de la part des administrations du service public et peut être saisi directement par les citoyens. Cette nouvelle autorité voulue par Nicolas Sarkozy au moment de la réforme constitutionnelle, en 2008, rassemble les missions jusqu’ici assumées par quatre entités : le Médiateur de la République, le Défenseur des enfants, La Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde) et La Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS).
Dominque Baudis s’attaque donc à un chantier considérable, dont la mise en œuvre a fait l’objet d’un vif débat. Les détracteurs de la réforme de 2008 dénoncent le trop plein de dossiers à traiter : le défenseur doit traiter près de cent mille réclamations annuelles, allant des violences policières aux discriminations à l’entrée des boîtes de nuit, en passant par les erreurs de l’administration. Pour les partisans de la réforme, la création du Défenseur des Droits est un gain d’efficacité. Pour le soutenir dans sa mission, l’ancien maire de Toulouse peut cependant compter sur une équipe de près de 220 personnes.
Même miné par la maladie, Dominique Baudis s’est toujours attaché à sa mission avec dévouement, allant même jusqu’à remettre à François Hollande en janvier son rapport sur l’année 2013. L’image d’un homme qui, de ses débuts en tant que reporter et jusqu’à la fin de sa vie, s’est battu pour la liberté et le respect des droits.