Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés à Toulouse, le lundi 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Malgré le peu d’améliorations qui ont suivi les dernières mobilisations, l’heure n’est pas à la résignation.
Le rendez-vous était donné à 14h, en haut des allées Jean Jaurès. Des milliers de personnes, femmes et hommes, ont répondu à l’appel des syndicats et associations en cette journée internationale des droits des femmes. Alors que les violences sexistes et sexuelles sont de plus en plus dénoncées et que Toulouse a été en première ligne du mouvement #sciencesporcs lancé il y a un mois, la ville rose s’est fortement mobilisée. Preuve que malgré une égalité encore très loin d’être atteinte et une situation qui progresse difficilement, la manifestation reste un moyen de lutte apprécié par la jeune génération.
Continuer à se battre
Le besoin de continuer le combat, c’est l’une des motivations que l’on retrouve chez les manifestants et particulièrement chez les femmes. Le contexte actuel fragilise encore un peu plus leur position dans la société, en France et dans le monde. La crise les expose davantage à la précarité et aux violences, elles qui occupent la majorité des emplois à temps partiel et qui continuent d’assurer la majorité des tâches domestiques dans les foyers. Les confinements et couvre-feux successifs sont également favorables aux violences avec des victimes bloquées avec leurs agresseurs. Le collectif #NousToutes dénombre déjà 16 féminicides depuis le début de l’année 2021.
Rozenn 22 ans, qui n’a pas l’habitude de manifester, s’est déplacée ce lundi car « rien n’est acquis, dans tous les domaines. Il faut toujours se battre, il faut toujours manifester pour essayer de faire changer les choses. » Un sentiment que l’on retrouve chez une partie des jeunes femmes de cet âge, comme Ella : « la Journée de la Femme, il ne faudrait pas qu’il y en ait. S’il y en a une ça veut dire qu’il y a encore des problèmes, donc tant qu’il y en a on sera là à crier et à dénoncer. Je ne sais pas si ça sert mais en tout cas nous ça nous fait du bien. »
« Il y a une bonne ambiance, on danse, ça fait du bien »
Car ce type de manifestation est également vecteur de bonne humeur et d’un fort sentiment de solidarité entre femmes. Ella insiste sur l’ambiance joyeuse et festive qui règne, faisant de l’évènement une vraie bouffée d’oxygène, vitale en ces temps de crise : « il y a une bonne ambiance, on danse, on se sent un peu puissantes quand même, ça fait du bien je trouve. » Outre la volonté de faire entendre leur voix et l’aspect militant, les femmes présentes au sein du cortège profitent de ce rare moment entre elles, pendant lequel elles peuvent se « lâcher » sans crainte du regard masculin, qui se fait rare dans les rangs.
Il est même absent de la tête du cortège, qui est en « non-mixité choisie » comme le précisent les organisatrices qui n’hésitent pas à renvoyer tour à tour les quelques hommes qui s’y aventurent. « Le fait de se retrouver qu’entre femmes, ça crée un espace où on se sent plus safe. » explique un peu plus loin Yasmina. « On peut avoir un sentiment de résignation mais je pense que ça sert toujours à quelque chose de manifester, c’est quelque chose qui a survécu à travers les années. Ça permet de créer du lien social et se sentir moins seules. »
Photos : Axel Bernet.