Elles sont cinq filles, volontaires et motivées . Etudiantes à Sciences Po, Anne Ngongang, Laura Juillard, Maïlis Favre, Mathilde Cadez et Mathilde Moulia préparent depuis la rentrée un projet de sensibilisation au harcèlement. Une souffrance difficile à partager lorsque l’on en est la victime, car les structures de soutien sont rares. « Univers-Cités » a rencontré Maïlis et Mathilde pour éclaircir cette démarche.
« Univers-Cités » : Comment est né ce projet ?
Maïlis : J’ai personnellement vécu une expérience de harcèlement lors de mon stage de mobilité. J’étais impliquée, alors j’ai tenu et continué jusqu’au bout. Mais avec du recul j’ai compris ce que j’avais réellement vécu. J’avais, et j’ai toujours, du mal à en parler. Je me suis dit qu’il fallait monter un projet là-dessus. J’en ai parlé à Anne, une amie du master « Politique, discriminations et genre ». Elle a fait part de mon intention aux personnes de son master qui ont de suite été enchantées.
Mathilde : C’est ce recul qui lui a donné envie d’en parler. On s’est alors réunies en groupe et Maïlis nous a raconté son histoire. A partir de là on a vu ce qui était possible de faire avec nos petits moyens. On a donc mis en place plusieurs objectifs pour le projet.
Et ce projet, en quoi consiste-t-il exactement ?
Mathilde : On veut sensibiliser les étudiants de l’IEP sur le harcèlement. On a défini trois volets. Le premier a déjà été réalisé, il consistait à mettre en place des ressources en ligne sur le site de l’IEP afin de mieux identifier le harcèlement. Le second objectif est de constituer des groupes de parole post-mobilité avec des psychologues. Enfin, on voudrait créer des workshops pendant la semaine Avenir. Ce sont des petits ateliers interactifs avec des intervenants pour mettre les étudiants en situation. On aimerait que tout cela soit opérationnel à la rentrée !
Comment avez-vous opéré pour convaincre l’administration ?
Maïlis : On a d’abord contacté Jérôme Viguier, le directeur des études. Il fallait faire entendre notre démarche. Cela a mis un peu de temps à se faire, mais on a eu le soutien de l’administration, notamment de Laure Ortiz. Ils nous ont aidé à trouver des contacts. Le pôle communication a été génial, on a écrit le texte d’explication et ils l’ont mis en forme sur le site de l’IEP.
Mathilde : On veut vraiment travailler avec eux. Chercher ce qu’on peut apporter en tant qu’étudiant, les décharger de certaines tâches.
Vous pensez que le harcèlement en mobilité touche beaucoup de personnes ?
Mathilde : Oui, on a entendu plusieurs histoires d’élèves qui le confirment. L’idée générale, c’est que « la mobilité c’est génial ». Non, la mobilité ne se passe pas forcément bien pour tout le monde. Mais on ne se sent pas légitime à se positionner comme victime. Ceux dont c’est le cas ne se sentent pas à leur place. Il faut donc pouvoir trouver un lieu pour libérer leur parole. Car on peut lutter contre, des outils existent.
Maïlis : Quand leurs expériences se passent mal, les élèves ont besoin d’un suivi. Plusieurs personnes sont venues me voir après avoir lu le mail [envoyé par l’administration pour informer de la création du projet, ndlr]. Tous ont pensé que notre projet était vraiment utile. En tout cas la motivation est là.
Liens utiles
La page du projet
Informations juridiques sur le harcèlement
Le site du gouvernement contre le harcèlement sexuel