Certains se rappellent de la série suédoise Real Humans, diffusée au printemps dernier sur Arte. Celle-ci avait permis à la chaîne d’obtenir des audiences considérables pour un jeudi soir (1,3 million de téléspectateurs en moyenne), mais aussi de lever, par anticipation, un débat de société naissant. Quel avenir pour la robotique ? Quelles dérives possibles ? Comment y faire face ? Toutes ces questions y étaient posées crûment, et de manière réaliste.
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L’action de Real Humans se déroule dans une banlieue suédoise tout à fait classique, et à une époque qui semble peu éloignée de la nôtre. Seule différence, des robots à forme, taille et aspect humains ont envahi les lieux de vie. De nombreuses familles ont acquis ces machines à tout faire. Elles font la cuisine, nettoient, racontent des histoires aux enfants et sont capables de tenir n’importe quelle conversation avec leur propriétaire ou un quelconque être humain. Ces « hubots » remplacent aisément les travailleurs dans les usines… et dans le lit conjugal. Les couples humains/robots apparaissent rapidement dans la série, et donnent au spectateur un sentiment de gêne, de dégoût face à des relations sexuelles devenues inhumaines et mécaniques.
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Mais une fois l’épisode fini, ce monde parallèle, à la fois dérangeant et fascinant, s’estompait. C’était malheureusement sans compter sur le Japon. Pionnier en termes de nouvelles technologies et de robotique, le pays a franchi la ligne rouge. Depuis peu, des poupées en silicone et grandeur nature, appelées « Love Dolls », garnissent les demeures d’hommes seuls en quête de compagnie. Mort de l’être cher, disparition d’un proche, toutes les raisons sont bonnes pour acquérir ces filles de joie d’un nouveau genre.
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Mais quand, dans ce même reportage de L’Effet Papillon, on entend les propriétaires de ces « Love Dolls » dire qu’ils ont ou qu’ils vont aller plus loin dans leurs relations avec ces poupées, le masque de cire tombe. « Elles font tout ce que je veux, ne refusent rien, alors qu’une femme peut se plaindre ou dire quelque chose », avoue ainsi fièrement Senji Nakajima, heureux acquéreur de deux poupées.
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Il n’est pas le seul dans ce cas. Selon les journalistes de Canal Plus, des milliers de Japonais ont choisi de s’accoupler avec ces répliques humaines. Plus chères qu’une prostituée, certes (environ 5 000 euros), mais au goût du propriétaire. Mensurations, couleur de cheveux, des yeux, taille de la bouche, chaque « Love Doll » peut correspondre aux désirs plus ou moins enfouis des consommateurs.
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L’industrie est en plein essor, et cherche à fabriquer des poupées en silicone de plus en plus humaines. Parfois trop. Les clients demandent maintenant l’apposition d’un visage ressemblant à celui de leur compagne décédée sur les corps fabriqués des « Dolls ». Pire encore, un véritable marché de la poupée à visage enfantin s’est développé, au plus grand plaisir des pervers du pays. Et s’ils n’ont pas assez de « courage » pour affronter le regard de leurs proches, ils peuvent louer une « Doll » pour seulement une heure ou deux, en toute discrétion. Les mannequins siliconés sont devenus des prostituées à part entière.
Une fois le don de la parole acquis, ces hommes, qui veulent surtout une femme docile, seront peut-être moins séduits…