« Le petit livre noir des grands projets inutiles », un titre qui parle de lui-même. Ce court catalogue passe en revue les projets d’autoroutes, de lignes ferroviaires ou de stades de foot que personne n’a demandé mais qui voient quand même le jour. Rencontre avec un de ses auteurs, Julien Milanesi.

C’est à la libraire Terra Nova que Julien Milanesi vient présenter le livre. Déjà, première hésitation : l’ouvrage est fièrement signé « Camille », car les multiples auteurs ont voulu préserver un anonymat pour ne pas faire ressortir de représentant trop médiatique. Mais pour Julien « ce n’est pas si important. Ils m’ont contacté car j’étais déjà militant contre les projets d’autoroute et de LGV dans les Landes alors j’ai accepté d’y participer ».

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Julien Milanesi est donc là pour parler du livre, mais surtout de la partie qui lui tient à cœur : la LGV. En effet, cette Ligne à grande vitesse devrait relier Bordeaux à l’Espagne, en coupant dans les Landes encore à peu près épargnées. Entre ce projet et l’autoroute qui balafre déjà le paysage rural, les habitants regrettent ce qui est vanté comme un progrès énorme.

« On se demande pourquoi nous, explique-t-il, il y a des villages qui vont se retrouver dans une bande de trois kilomètres entre la ligne et l’autoroute, ça devient grave. » Ce genre de situation se retrouve assez fréquemment, selon le livre. Julien profite de cette conférence pour présenter un projet de film qui tente de répondre à une question pourtant simple : si personne ne veut de ces projets, pourquoi se développent-ils.

L’autoroute, ce totem

« Les uns et les autres se cachent derrière l’intérêt général pour justifier ces projets. Du coup, on veut se demander ce que c’est ce fameux intérêt général. » Dans la salle, les rires jaunes se font entendre pendant le film, alors qu’on écoute des élus dire à quel point c’est capital de faire Mont-de-Marsan – Bordeaux en une heure quand on a une réunion. Sur d’autres images, les habitants interrogés se demandent à qui peut bien profiter une nouvelle autoroute.

« Pour les élus, explique Julien Milanesi, construire un grand projet c’est une sorte de totem. La route symbolise le progrès, il y a toute une mythologie derrière tout ça qui les pousse à se lancer en étant persuadés qu’ils font le bon choix. Et derrière, le BTP se frotte les mains. »

En attendant, les militants veulent faire connaitre leur cause et ils ont lancé un financement participatif pour financer le film. Un projet qui en dit long à en voir le « trailer » que l’on pourrait qualifier à la fois de drôle et de glaçant.

L’intérêt général et moi from Sophie Metrich on Vimeo.