Lundi 7 octobre, les participants au rallye aérien le plus long du monde, Toulouse/Saint-Louis du Sénégal, étaient de retour à l’aérodrome de Lasbordes, à Balma.

Il était 12h30 lundi 7 octobre quand le premier équipage a atterri à Lasbordes. Tous les autres ont suivi dans l’après-midi. Enfin, presque. Un avion est resté bloqué à Tétouan pour cause de moteur défaillant. Ce n’est qu’un détail : pour les participants, cette 31ème édition du rallye Toulouse / Saint-Louis du Sénégal est un succès.

Les 32 participants ont traversé l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie pour gagner le Sénégal. Le parcours est celui qu’empruntait l’Aéropostale, première compagnie de transport de courrier par les airs, symbole pour tous les amoureux de l’histoire de l’aviation.

5 000 kilomètres dans le désert

Sur un trajet de 10 000 kilomètres, les péripéties ont été multiples. Outre quelques pneus crevés à l’atterrissage et des vibrations inquiétantes de moteur, ce sont parfois les autorités locales qui ont compliqué le parcours, sans jamais le gâcher. Jean-Jacques Galy, président de l’association organisatrice, nous explique:  » On ne peut pas vraiment appeler cela des problèmes mais il vrai qu’au Maroc, on nous demande tout un tas de papiers ; mais si on ne l’accepte pas, il ne faut pas aller au Maroc.  » Cela fait partie du jeu donc, mais parfois cela peut aller un peu plus loin:  » En Mauritanie on nous demandait de payer une taxe de 2600 euros par avion, on ne pouvait pas se le permettre… mais finalement on s’est débrouillé, nous n’avons rien payé « .

Arrivée à Tarfaya - Air Aventures

Sur le tarmac, même si on distinguait une pointe de fatigue, c’est le sourire qui prévalait. Chantale Cresp participait pour la première fois au rallye. Première à avoir atterri, elle semblait pourtant encore avoir la tête dans les étoiles, du nom de son équipage :  » On a pris beaucoup de plaisir, vu des paysages magnifiques, comme l’arrivée à Tarfaya dans le désert. Vous savez, l’histoire de Saint Exupéry, pour ceux qui sont passionnés d’aviation…c’est quelque chose !  »

Plusieurs générations

Sous le hangar, les anciens, plus d’une vingtaine de participations à leur actif, profitaient de l’événement pour se remémorer leurs aventures mais aussi leurs émotions:  » Jusqu’à Agadir, la côte s’est urbanisée mais après, les paysages n’ont pas changé depuis Saint-Exupéry, alors, on peut dire qu’on voit ce qu’il a vu! « . Parmi eux, Marie-France Maigrot, gagnante du premier rallye organisé en 1983, était là, comme chaque année, pour accueillir les pilotes.

Antoine de Saint-Exupéry à Cap Juby (Tarfaya) avec le colonel de la Pena, en 1928 -

Soucieux de faire participer d’avantage de jeunes, les organisateurs ont pu, grâce à une subvention de la mairie de Toulouse, permettre à Alexandre et Florian, 23 et 24 ans de concourir. S’ils nous confient ne pas être passionnés par l’Aéropostale, ils avouent s’être pris au jeu, et avec seulement une centaine d’heures de vol à leur actif (soit la moitié de la compétition), ils sont arrivés troisième du rallye ! Les habitués n’ont qu’à bien se garder, près d’un siècle après Saint-Exupéry, la relève semble assurée !


L’Aéropostale en quatre questions à Germain Chambost*

« Univers-Cités » : Comment et pourquoi est née l’Aéropostale ?
Germain Chambost : Au début du XXe siècle, les documents papiers étaient encore envoyés par bateau. Réussir à réduire leur temps de parcours relevait du défi politique et économique. Latécoère, entrepreneur, l’a fait, avec l’aide de grands pilotes comme Mermoz, Guillaumet et Saint-Exupéry, les pionniers.

L’idée n’était-elle pas un peu folle ?
Si, Latécoère a même dit : « J’ai fait tous mes calculs. Notre idée est irréalisable. Il ne reste qu’une chose à faire : la réaliser ». Il arrivait que leurs ailes se brisent en plein vol ou que le pilote soit arraché de son siège par une bourrasque. Pourtant, ils ne renonçaient pas ; ils repartaient. « Le courrier doit passer » était leur devise.

Pourquoi l’étape de Tarfaya est-elle si mythique ?
C’est à Cap Juby, actuel Tarfaya, que Saint-Exupéry était chef d’aéroplace (ndlr : aérodrome). Il y a commencé l’écriture de Courrier Sud pendant ses nuits de veille d’attente des avions du courrier.

L’Aéropostale s’est arrêtée à Saint-Louis ?
Non. La première ligne établie était entre Toulouse et Casablanca, puis jusqu’au Sénégal. Ensuite, un deuxième parcours a été mis en place en Amérique du Sud entre le Brésil, l’Argentine et le Chili. La liaison entre les deux continents se faisait en bateau. Puis, en 1930, la traversée de l’Atlantique a été réalisée !

* Germain Chambost, Les hommes de l’Aéropostale, témoignages