Au Vasco de Gamma, samedi dernier, se tenait un événement des plus étranges. Dix célibataires étaient mis aux enchères pour la bonne cause : les fonds gagnés sont reversés aux Restos du Coeur. Mais la fin justifie-t-elle les moyens ? C’est la question que se posent certaines associations.

« Choquant« . Pour Claire*, c’est le terme qui qualifie le mieux ce genre d’événements. Membre d’une association féministe toulousaine, elle se dit attristée par l’image de l’être humain que ces enchères renvoient. Si l’association en question n’a pas de position officielle sur la soirée, Claire ne veut pas passer le sujet sous silence. « C’est de la vente d’êtres humains, pour être vraiment polie. C’est assez dérangeant comme concept, qu’on puisse entrer dans un bar et donner de l’argent pour acheter quelqu’un comme on achèterait une pizza. Même si c’est pour une bonne cause, il y a d’autres méthodes, moins dégradantes« .
Toutefois, elle n’incrimine ni le bar, ni l’organisation. « Dans les faits, je doute que ce soit l’intention des organisateurs de faire la promotion de la vente d’êtres humains. Mais c’est vraiment l’idée contenue dans le titre de la soirée qui est dérangeante« .

Affiche de la soirée Vente aux enchères de célibataires

Si la soirée suscite des remous, Audrey, organisatrice et créatrice de la vente aux enchères, refuse de « se prendre la tête« . Selon elle, l’événement n’est qu’une « idée poussée au délire« . « J’étais serveuse et deux amis sont venus un soir au Vasco et ont commencé à me dire en rigolant que je devrais les vendre à une soirée. En fait, eux pensaient que c’était une blague mais moi j’ai pris ça très au sérieux parce que je trouvais l’idée excellente. C’était surtout l’occasion de faire quelque chose pour une oeuvre caritative, notamment pour les Restos du Coeur.  »
Fanny, animatrice, raconte sa propre expérience de la soirée : elle fut mise en vente la première année. « Bien sûr, on est stressé, un peu mal à l’aise parce qu’on se demande qui va nous acheter, et au final tout s’est toujours bien passé, tout le monde est ouvert, c’est vraiment propice à la rencontre. On ne vend pas les célibataires, même si c’est le titre de la soirée, on vend juste un rendez-vous avec ce célibataire. Ça n’engage à rien après. La deuxième année, j’ai acheté quelqu’un, il n’est jamais venu au rendez-vous. Il n’avait pas envie, il était intéressé par quelqu’un d’autre, mais je ne lui en veux pas du tout. On n’est obligé à rien, le but c’est juste de passer une bonne soirée et de permettre des rencontres et un peu d’argent pour cette oeuvre caritative. »

Mais qu’en est-il des participants ? Quel est leur intérêt à être ainsi vendus en place publique ? Audrey est étudiante. Elle a entendu parler de l’évènement par une amie, elle-même ancienne participante. Cette dernière avait, au terme de la soirée, formé un couple avec son acheteur. L’idylle a duré huit mois. Par défi et, en réalité, sans réelle motivation, Audrey a accepté d’être mise en vente. « Je trouve le concept original, assez drôle. Et c’est l’occasion de passer une soirée sympa et surtout de rencontrer d’autres gens. »

* Le prénom a été changé