Recel de produits cosmétiques volés, vol d’un vélo en libre-service, intrusion sur un terrain militaire, insulte envers un gendarme, consommation de stupéfiants… Au tribunal de Toulouse, les chefs d’accusation s’enchainent et ne se ressemblent pas pour les deux prévenus albanais. Ils écopent chacun de 6 mois d’emprisonnement.

Étrange affaire que celle qui se mêle autour de ces deux prévenus, lors de cette après-midi de comparutions immédiates au Palais de justice. Sur les coups de 13h45 ce 29 janvier, ils sont les premiers à occuper le box des accusés. L’air inquiet mais grave, ils restent attentifs à ce que leur traduit l’interprète. Âgés chacun d’une trentaine d’années et ne parlant pas le français, ils tentent de deviner l’avenir que leur réserve la Juge.

La crème de la crème

Retour aux faits. Le 25 janvier, une commerçante du marché de la Reynerie alerte des policiers sur place. La raison ? Deux hommes, n’étant apparemment pas autorisés à vendre, ont tenté de lui écouler une grande quantité de produits cosmétiques. Son doute se confirme lorsque les forces de l’ordre embarquent les individus après une fouille plutôt concluante : pas de papiers d’identité trouvés, mais 3,30 g de cannabis, une seringue et une pipe à crack sur monsieur C., un tournevis et 2 cartes bancaires volés sur monsieur M.

Dans les deux gros sacs, les policiers découvrent tout un éventail de produits qui ferait rougir n’importe quel salon de beauté. Crèmes, savons, maquillage… Même si les deux individus pensent avoir dissimulé leur trésor, les policiers les trouvent sans aucune difficulté grâce aux images des caméras de surveillance situées juste au-dessus de leur tête. La plupart des biens sont encore sous blister, laissant croire à des articles « tombés du camion ». Pourtant, monsieur M. affirme qu’il aurait trouvé les sacs alors qu’il entre dans une voiture ouverte pour y dormir. La lumière ne sera pas faite sur la provenance de la marchandise.

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Mais ça ne s’arrête pas là. Une fois en détention provisoire, les deux individus à cran d’avoir passé la nuit en cellule s’agacent envers le personnel policier à proximité. « Une cigarette, salope !», répèteront-ils quatre fois au fil de la journée, en prenant soin tout de même de varier de temps en temps – avec le moins cordial « Une cigarette, fils de pute ! ». Les prévenus reconnaissent cette attitude, même si la défense de monsieur C. soutient que le sevrage du crack est l’une des raisons de l’agissement de son client, dont les yeux se remplissent à ce moment-là de honte.

Un « vol culotté »

Hasard ou non du calendrier, les deux individus sont également jugés séparément ce jour-là pour deux autres vols ayant pour un singulier point commun. Lors de son arrestation le 25 janvier, les policiers retrouvent proche de monsieur C. un vélo en libre-service de la ville, dont le dispositif permettant de le raccrocher à une borne a été arraché. Son avocat défend cependant qu’aucune plainte n’a été déposée par la compagnie VélÔToulouse pour la perte de ce véhicule, et que son client l’a de toute façon trouvé déjà abîmé à proximité du marché.

C’est surtout le cas de monsieur M. qui est mis en exergue par la Juge. Plus tôt dans le mois, l’individu s’est introduit dans la gendarmerie de Villefranche-de-Lauragais, a brisé le cadenas retenant le vélo et s’en est emparé, avant d’être stoppé par une crevaison de pneus à quelques mètres seulement de la caserne. Malgré les doutes initiaux de la juge, le propriétaire du vélo, un gendarme se trouvant dans le public de l’audience, confirme la version du prévenu. Reste qu’aller perpétrer un larcin sur un terrain militaire relève d’un « vol culotté » pour le procureur, même si l’avocate de l’accusé défend qu’il croit alors se trouver sur un espace privé.

Après une heure d’audience, le verdict tombe. Monsieur M. écope de 6 mois d’emprisonnement avec suspension de son sursis de 3 mois d’une peine antérieure. Cependant, la clémence est accordée à monsieur C., qui, bénéficiant d’un casier judiciaire vierge et de son absence lors du vol de la gendarmerie, est relaxé avec un sursis de 6 mois de prison.

Crédit photo : Gyrostat (Wikimedia, CC-BY-SA 4.0)