Construction de l’autoroute A69. Crédits : Adobe Stock.

Moins de dix jours après la suspension des travaux par le Tribunal administratif de Toulouse, l’autoroute A69 continue de faire débat. Samedi 8 mars, à Castres, plusieurs milliers de partisans du projet se sont rassemblés pour réclamer la reprise des travaux. Si les opposants célèbrent déjà une victoire historique, le recours annoncé par l’État et la pression des élus locaux pourraient rebattre les cartes. Le combat est-il vraiment terminé ? 

La suspension des travaux a provoqué un véritable choc chez les défenseurs du projet. Rassemblés en nombre à Castres ce samedi matin, ils fustigent une décision qu’ils jugent “incompréhensible” et qui mettrait en péril le développement économique de la région. Sous les rafales de vent, les manifestants réclament la reprise des travaux après la suspension du chantier annoncée par le Tribunal administratif de Toulouse. Derrière cette mobilisation, on retrouve des figures politiques locales, des représentants du monde économique et des associations d’usagers. Le sénateur Philippe Folliot, sénateur du Tarn (Occitanie), le conseiller départemental du Tarn Jean-Luc Alibert ou encore le maire de la ville de Lavaur (Tarn) et ex député du Tarn, Bernard Carayon ont tous fait le déplacement ce samedi matin et apporté leur soutien aux manifestants.

Ils insistent sur l’urgence de relancer le chantier, arguant que “70% des ouvrages d’art sont déjà réalisés” entre Castres et Verfeil (Haute-Garonne) et que l’arrêt des travaux coûterait trop cher. Une affirmation contestée par les opposants, qui estiment que les terrassements n’ont été effectués qu’à 50% et que la réhabilitation du terrain reste possible. Néanmoins, tous dénoncent un fiasco financier qui a déjà coûté près de 300 millions d’euros.

L’État, de son côté, entend bien aller jusqu’au bout. Le ministre des Transports a annoncé un recours devant le Conseil d’État et promet de venir sur place pour réaffirmer son soutien au projet. Mais les opposants, eux, restent confiants.

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“Ce n’est pas la fin”

Du côté des militants anti-A69, l’heure est à la célébration, mais aussi à la vigilance. “Dans l’immédiat, il s’agit de fêter la victoire qu’on a obtenue”, affirme un militant. Pour eux, la justice a simplement confirmé ce qu’ils dénoncent depuis des années : un projet truffé d’irrégularités et destructeur pour l’environnement. Convaincu que le Conseil d’État ne reviendra pas sur cette décision, le militant interrogé assure que cette tentative a peu de chances d’aboutir : “L’État a déjà présenté tous ses arguments lors de l’audience, il ne pourra pas sortir un nouvel élément de son chapeau”, affirme-t-il.

Mais si la suspension du chantier est un premier succès, la lutte ne s’arrête pas là. “Ce n’est pas la fin”, admet-il, conscient que l’État tentera de faire annuler cette décision. En attendant, ils réfléchissent déjà à l’après : “Il faut laisser aussi le patrimoine génétique de ce lieu se redévelopper […]. Peut-être que par la suite, on verra avec des paysans et des paysannes pour trouver des semences locales, pour pouvoir restaurer ces lieux avec la faune locale, la flore locale”.

Loin d’être refermé, le dossier de l’A69 cristallise plus que jamais les tensions. Alors que les opposants savourent une victoire qu’ils espèrent définitive, les partisans du projet restent déterminés à obtenir sa relance. La prochaine étape se jouera avec la décision du Conseil d’État, ultime instance pouvant trancher ce litige, et sera déterminante pour l’avenir de ce chantier controversé.