L’exposition “Comme des Moutons” se tient du 31 janvier au 2 novembre 2025, au Quai des savoirs, à Toulouse. Crédits : Tisserand Adrien.
Le Quai des savoirs à Toulouse a inauguré sa toute nouvelle exposition « Comme des moutons » le 31 janvier dernier. Elle montre notamment comment la mécanique des foules se répercute sur Internet, avec diverses conséquences pour ses utilisateurs.
« Le mensonge voyage mieux que la vérité ». Cette phrase, prononcée au micro de France Culture par Mehdi Moussaïd, chercheur et commissaire de l’exposition « Comme des moutons », résume un aspect important de cette dernière. Elle montre que le phénomène des rumeurs, si commun au phénomène de foule, s’étend aussi aux réseaux sociaux. L’exposition propose ainsi toute une pièce dédiée à ces rumeurs avec différents objets symbolisant les théories du complot à travers les âges : de la légende du monstre du Loch Ness jusqu’à l’existence d’extraterrestres dans la petite ville de Roswell, aux États-Unis.
« Comme des moutons » expose aussi, par exemple, le Politoscope, un outil développé par le CNRS (Centre National de Recherche Scientifique) depuis l’élection présidentielle de 2017. Ce dernier analyse des milliers de tweets publiés par les responsables politiques pour les restituer de façon simplifiée au grand public. En effet, le CNRS est parti du postulat que l’opinion publique est aujourd’hui noyée par la masse de données dans l’actualité et qu’il fallait y apporter de la clarté.
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Quelles conséquences concrètes ont les réseaux sociaux sur la foule ?
Les réseaux sociaux peuvent servir de caisse de résonance pour certains mouvements sociaux, comme on a pu le voir ces dernières années avec #MeToo ou Black Lives Matter. Malcolm Gladwell, journaliste américain, appelle cela le « point de bascule » : bien que les violences sexuelles ou racistes existent depuis longtemps, il a fallu un événement précis pour déclencher une réaction massive. Pour le mouvement Black Lives Matter, il s’agit par exemple de l’assassinat de Georges Floyd en 2020, dont les vidéos avaient inondé les réseaux à l’époque.
Toutefois, l’exposition montre aussi que les réseaux sociaux, notamment X (anciennement Twitter), comportent des biais cruciaux. En effet, les humains ont tendance à se connecter à des individus qui leur ressemblent, créant ainsi des communications en vase clos, c’est-à-dire en milieu fermé. Nous sommes confrontés à ce qui va dans le sens de nos attentes, voire de nos préjugés. Tout cela est facilité par les algorithmes des réseaux sociaux, étudiés pour renforcer ce phénomène de bulles quasi hermétiques. La seule possibilité serait donc de se renseigner sur des pages que nous n’irions pas consulter instinctivement. Il est ainsi crucial de saisir la logique des plateformes numériques pour mieux les réguler, au risque de s’isoler et de perdre l’intérêt même des réseaux sociaux.