Régularisations en baisse, expulsions en hausse : c’est le bilan de l’immigration en France sur l’année 2024. Des chiffres qui s’inversent par rapport à la dynamique observée depuis 2020. Le signe du serrage de vis entrepris par les ministres de la Justice et de l’Intérieur Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.

« Les réfugiés arrivent en France pour survivre, pas pour vivre d’autres répressions », explique Asadullah Behnod, réfugié afghan. Les dernières statistiques du ministère de l’Intérieur français montrent qu’en 2024, le nombre d’expulsions de migrants a augmenté d’environ 27 % par rapport à 2023.

« J’ai quitté l’Afghanistan en avril 2022 pour des raisons de sécurité, détaille le réfugié afghan. En tant que journaliste, je ne pouvais plus exercer mon métier avec l’arrivée des Talibans au pouvoir. » Obtenir un visa pour la France a été pour lui « un vrai soulagement ».

Il regrette que les régularisations des personnes en situation irrégulière sur le territoire français soient en baisse. Selon les données du ministère de l’Intérieur, leur nombre à diminué de 10 % en 2024. Alors, 31 250 sans-papiers ont été régularisés pour motif professionnel ou familial.

Une tendance à la diminution inédite depuis 2020. Cette régularisation au séjour, permise grâce à la circulaire Valls de 2012, était stable jusqu’alors avec environ 30 000 personnes régularisées par an (23 000 pour motif familial et 7000 pour le travail). L’actuel ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a d’ailleurs récemment durcit la circulaire. Reste à savoir quels effets aura cette mesure sur l’octroi des titres de séjour pour les sans-papiers.

Moins de demandeurs d’asile dans l’Union européenne

Le ministère de l’Intérieur indique également une baisse de 5,5 % des demandes d’asile. À l’inverse, les expulsions des étrangers en situation irrégulière ont augmenté de 26,7 % en 2024, par rapport à l’année 2023. Pour Asadullah Behnod, ce nombre d’expulsion est « inquiétant » et nécessite une « plus grande attention de la part de la population ».

Pour Guillaume Mordant, responsable du service des statistiques à la Direction générale des étrangers en France (DGEF), cette baisse est notamment liée à une réduction de 45 % des demandes dans le cadre du règlement Dublin. Selon la législation Dublin, les demandeurs d’asile doivent déposer leur demande dans un seul pays membre de l’Union européenne. La plupart du temps, il s’agit de leur premier pays d’arrivée.

D’après Guillaume Mordant, « le nombre de demandes d’asile baisse globalement dans l’Union européenne ». À noter d’ailleurs que les Ukrainiens sont plus nombreux à demander l’asile en 2024, passant devant les Afghans et devenant ainsi la nationalité avec le plus grand nombre de demandes en France.

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