Si Justice et Gojira ont décroché des trophées aux Grammy Awards 2025 durant la soirée du 2 février, leur succès reste relatif. Présente sur place, Yasmine Haska, spécialiste de la musique française, souligne une reconnaissance limitée, loin de marquer une avancée majeure. Entre une nomination en marge du show télévisé et une présence française quasi inexistante dans la salle, la cérémonie confirme la domination des artistes américains.

Chaque année, les Grammy Awards récompensent les meilleurs artistes et productions de l’industrie musicale mondiale, avec une prédominance écrasante des artistes américains. Cette année, deux groupes français ont été distingués : Gojira, formation phare du métal progressif, a remporté le Grammy de la Meilleure performance de métal pour leur performance aux Jeux Olympiques de Paris, tandis que Justice, duo électro iconique, a décroché le Grammy du Meilleur enregistrement dance/électronique pour Neverender, en collaboration avec Tame Impala.

Un show grandiose, mais peu de place pour les Français

Les Grammy Awards 2025 ont une fois de plus démontré la puissance du spectacle à l’américaine. « L’ambiance était incroyable, très fluide, un filage d’exception avec une scénographie dingue », raconte Yasmine Haska, qui assistait à l’événement. Entre le sacre de Kendrick Lamar, le discours de Doechii et la victoire de Beyoncé, la soirée a été marquée par des performances et des narrations parfaitement orchestrées.
Mais derrière l’exubérance et le storytelling léché, une évidence : « On ne voit quasiment que des Américains, que ce soit dans la salle ou parmi les vainqueurs. » Une tendance qui laisse peu de place aux artistes internationaux, et encore moins aux Français.

Justice et Gojira : des victoires, mais un impact limité

Pourtant, deux groupes hexagonaux ont décroché des trophées. Gojira, mastodonte du métal français, était nommé pour la quatrième fois, confirmant son statut international. « Ils ont gagné parce qu’ils sont les plus gros dans leur catégorie, mais ce n’est pas une avancée pour la musique française dans son ensemble », nuance notre témoin.
Justice, de son côté, a remporté un Grammy grâce à son titre avec Tame Impala. « C’est un rayonnement très relatif », estime-t-elle. Surtout, leur nomination et leur victoire se sont déroulées lors du pré-show, une cérémonie en amont réservée aux professionnels, loin des projecteurs de la soirée télévisée. Le duo de musique électronique française n’était pas présent durant la remise des prix, privilégiant leur tournée en Europe. « L’impact est vraiment moindre, même si les deux Grammy sont amplement mérités.» rajoute-t-elle.

Une esthétique française trop sobre pour séduire les Grammy ?

Au-delà des récompenses, la France peine à s’imposer aux Grammy, en partie à cause d’une différence culturelle. « On a moins cette culture du show, nos univers sont plus minimalistes. On est plus sobres, et ça nous place au second plan.» Une esthétique qui contraste avec la mise en scène millimétrée des artistes américains, pour la musique de l’hexagone, cette spécialiste n’a pas grand espoir.
Pour que la musique française s’impose réellement dans la cérémonie, il faudrait voir émerger d’autres artistes plus représentatifs de la scène actuelle. « Le jour où Aya Nakamura, La Femme ou L’Impératrice seront nommées, là, on pourra parler de victoire.
En attendant, la reconnaissance internationale de la France reste encore timide.