Contre le projet d’autoroute entre Castres et Toulouse, une zone à défendre (ZAD) a été installée depuis plus de quatre mois. Située à Saïx dans le Tarn, elle est en cours de démantèlement par les forces de l’ordre. Mais le combat continue pour les militants qui réclament l’arrêt des travaux.

Perchés en haut des arbres, ceux qu’on appelle les écureuils subissent depuis lundi 19 février les pressions des forces de l’ordre. La nuit, ce sont les lumières des projecteurs et le bruit des gendarmes qui les empêchent de dormir. Thomas Brail, gréviste de la faim puis de la soif en octobre dernier, décrit la situation sur place : « c’est assez tendu. Les grimpeurs subissent les assauts des forces de l’ordre. » Il dénonce, comme l’ensemble des opposants à l’A69, « l’illégalité d’abattre ces arbres car c’est une zone considérée à fort enjeu écologique. »

Pourtant, les travaux continuent. Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca, la société concessionnaire de l’A69, a détaillé lors d’une conférence de presse le 06 février que « 95% du déboisement a été fait. » Alain Boscus, membre du collectif La voie est libre (LVEL), explique : « ce que nous demandons maintenant, c’est un moratoire. Le chantier doit être arrêté le temps que les recours soient examinés. » Ce collectif ainsi que d’autres associations environnementales ont déposé plusieurs recours juridiques. Ils cherchent, par le droit, à stopper le projet. Mais « les recours ne seront pas jugés avant un an, voire un an et demi. À ce moment-là, il sera trop tard. L’autoroute sera finie », dénonce Alain Boscus.

Une lutte infatigable

C’est un combat permanent mené par les militants. « Je filme des vidéos pour montrer ce qu’il se passe ici. Je suis en contact avec les écureuils. On réfléchit aux actions à venir », déclare Thomas Brail, fondateur du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA). Présent tous les jours sur l’A69, il assure : « le combat est toujours là. Ce n’est pas parce que quelque chose a commencé qu’on ne doit pas l’arrêter. Même si on se doutait qu’on n’allait pas arrêter un projet à 600 millions d’euros. »

« Le dialogue avec les autorités est rompu depuis bien longtemps », soupire le fondateur du GNSA. Un écœurement général se fait ressentir, où beaucoup dénoncent la violence de l’État et des institutions. Sur un fil de discussion signal, un militant écrit : «j’écris sur cette boucle pour dire que confiance et respect pour vos institutions ont brûlé avec la paille et les palettes de la Crem’ (nom de la ZAD située à Saïx, ndlr) dans les nuages de lacrymo. […] Force et courage aux écureuils, à ceux qui les soutiennent et à ceux qui se battent pour un futur désirable. »

Alain Boscus, militant depuis plus de quinze ans contre l’A69, a vu comment le projet a évolué. Il dénonce les mensonges des pouvoirs publics et des entreprises privées : « on nous a dit qu’avec l’autoroute, on gagnerait 35 minutes. On savait que c’était faux et aujourd’hui, les rapports disent que c’est maximum quinze minutes. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. »

« Chaque fois qu’on peut trouver des failles juridiques, on fait des recours »

Thomas Brail, fondateur du GNSA et militant écologiste opposé à l’A69

Déterminés, les opposants à l’A69 continuent à se mobiliser. « Chaque fois qu’on peut trouver des failles juridiques, on fait des recours », explique Thomas Brail. Sur le terrain aussi, ils sont présents. Les écureuils de la ZAD défendent la biodiversité menacée par la construction de cette autoroute. « Il n’y a pas de consensus possible. C’est soit nous qui gagnons avec l’arrêt du projet, soit eux », conclut Alain Boscus.

Crédit photo : Ryse93, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons