L’avenir du collectif toulousain Palestine vaincra demeure incertain depuis la publication du rapport annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), ce jeudi 25 janvier.

Le média streetpress dans une enquête datant du 19 janvier, révèle avoir eu accès à des documents du ministère de l’Intérieur prévoyant la dissolution de trois associations propalestiniennes. Bien que le collectif Palestine vaincra ne figure pas dans le document du ministère, il reste tout de même dans le viseur des autorités. Depuis 2022, la procédure de dissolution de ce groupement de fait menée par Gérald Darmanin, a été suspendue par une décision du Conseil d’État. Le motif d’accusation porté par Beauvau concernait le « caractère discriminatoire, haineux et violent » des actions du Collectif visant à « provoquer des actes de terrorisme ».

Le Conseil d’État a rejeté cette accusation et l’organisation toulousaine est toujours dans l’attente d’un jugement sur le fond de la procédure. En d’autres termes, ce qui sera retenu par les juges sera la proportionnalité ou non de la dissolution administrative au regard des prises de positions du collectif. D’autres motifs d’accusation sont retenus par les autorités comme la question de l’antisémitisme.

Antisémitisme ou antisionisme

En 2019, la résolution Maillard est adoptée par l’Assemblée nationale reprenant la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste. Elle précise également que : « l’État d’Israël, perçu comme une collectivité juive, peut aussi être la cible de ces attaques. ». Cette définition a été vivement critiquée par de nombreuses associations propalestiniennes, car elle confondrait selon elles l’antisémitisme, qui correspond à la haine du peuple juif, et l’antisionisme qui est une opposition au mouvement visant à établir un foyer national juif en Palestine.

Pour Tom Martin, porte-parole du collectif Palestine vaincra, il y aurait de la part du gouvernement une forme de répression : « Le gouvernement veut interdire toute contestation de la légitimité de l’État d’Israël en tant qu’État colonial, d’occupation et d’apartheid. Donc, on voit que les associations qui défendent une perspective d’une Palestine libre, démocratique et multiculturelle sont particulièrement criminalisées. » En raison du contexte actuel, l’avis de dissolution du Collectif pourrait être appliqué.

Un climat sous tension depuis le 7 octobre

Dans un communiqué de presse, l’Association Jeunesse Française Juive explique avoir déposé plainte à l’encontre de 41 personnes ayant tenu « des propos nauséabonds ». Dans la liste, des personnalités telles que Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon ou encore Taha Bouhafs y figurent. De même que certains groupes politiques tels que le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Parti des Indigènes de la République et le Collectif Palestine vaincra.

Suite à l’attaque du Hamas du 7 octobre, le collectif a été accusé d’avoir tenu des déclarations se réjouissant de la mort des victimes israéliennes. Avec l’intensité des combats à Gaza provoquant la mort de près de 25 000 civils et la prise de position du personnel politique français en solidarité à l’État israélien, les associations se sentent obligées de « marcher sur des œufs ».

Le président du Crif, Yonathan Arfi, déplore la montée de l’antisémitisme (propos recueillis par franceinfo) : « Le 7 octobre a servi de catalyseur à la haine, en activant un antisémitisme latent, et en désinhibant le passage à l’acte. » Le milieu scolaire est aussi touché de façon inquiétante puisque 12,7% des actes ont eu lieu à l’école. « Un nombre important de ces faits sont accompagnés de propos faisant l’apologie du nazisme (près de 40% des actes) », selon le rapport du Crif.

Le 26 janvier dernier, la Cour internationale de justice a reconnu un « risque de génocide sur la population gazaouie ». Malgré les annonces de l’instance suprême, le collectif Palestine vaincra reste sur la sellette et devra répondre aux accusations des autorités.

Photo : Louise Kourdane