En 2024, le compostage des biodéchets devient obligatoire. Une mesure auxquelles toutes les communes doivent se conformer, mais qui met du temps à se mettre en place, surtout en centre-ville. Explications.

En rentrant chez elle, suite aux festivités de la Saint-Sylvestre, Marie M. découvre une affiche placardée dans son hall d’immeuble : son syndicat de copropriété l’informe que dès janvier 2024, le tri des déchets alimentaires organiques devient obligatoire pour les ménages. Désormais, ses épluchures de légumes, ses coquilles d’œufs et son marc de café ne pourront plus être jetés dans son habituel bac d’ordures ménagères… Ce qu’elle continue de faire malgré tout, ne sachant pas comment mettre en application cette consigne.

Une nouvelle habitude difficile à prendre

“Mon propriétaire non plus, n’a pas beaucoup d’informations sur le sujet”, avoue-t-elle. Il n’y connaît pas grand-chose sur la question, mais lui a promis de se renseigner. “Et je ne suis pas certaine que les autres résidents joueront le jeu”, s’inquiète-t-elle. “Déjà, personne ne sait vraiment ce qu’on est censé faire, où amener nos déchets pour qu’ils soient compostés. Ce n’est pas comme si les anciennes règles de tri étaient respectées”. Elle a souvent retrouvé des bouteilles d’alcool ou du carton dans la mauvaise poubelle. 

Rue de la Concorde, Pierre D. n’était même pas au courant de cette nouvelle règle. Il y est plutôt réticent, notamment à cause des désagréments dont il a déjà entendu parler : “S’il faut mettre un composteur chez moi, je vais devoir vivre avec l’odeur de pourriture dans ma cuisine ? On n’a pas de cour extérieure ou de terrasse pour mettre ces déchets dehors”, se plaint-il. Il sait déjà qu’il ne jouera pas le jeu, à moins d’y être forcé. Sauf qu’aucune amende n’est prévue pour les éventuels récalcitrants à la mesure. 

La plupart des communes en retard

Si aucune sanction n’est prévue à l’encontre des habitants qui ne participent pas au compostage, c’est parce que l’obligation d’adopter cette initiative pèse sur les municipalités. Or, sur les 35 000 communes de France, très peu sont en réalité prêtes à l’appliquer. Toulouse Métropole a ainsi pris l’initiative de proposer à ses habitants des composteurs individuels ou collectifs à des tarifs préférentiels : 15 euros pour un modèle de 300 litres ou 400 litres, pour jusqu’à 4 personnes, 25 euros pour le grand modèle de 600 litres. Un investissement que beaucoup de ménages ne sont cependant pas prêts à faire, surtout en période d’inflation. Pour Marie-Hélène G., “c’est une mesure de bon sens, notamment avec tout ce qu’il se passe au niveau du gaspillage, de l’environnement. Mais sur l’alimentation, je dois d’abord penser à me nourrir avant de penser à trier”, raconte-t-elle.  

Malgré la création par l’État en 2020 d’une enveloppe de 100 millions d’euros, accessible à celles qui en font la demande, cette aide ne semble pas suffisante pour répondre à la demande. Les déchets alimentaires représentent “un tiers du contenu des poubelles ménagères des Français, soit 83kg de déchets résiduels par habitant et par an”, affirme sur France Info Juliette Franquet, directrice de l’association Zero Waste France. C’est-à-dire 5 millions de tonnes, chaque année, à sauver des décharges et de l’incinération. La quantité est considérable et encore plus difficile à gérer dans les zones urbaines à forte densité comme le centre-ville de Toulouse. 

Des solutions locales pour soutenir la démarche

Si les demandes de composteur proposées sur le site de la municipalité mettent du temps à être traitées, des associations se sont créées pour permettre à un maximum de Toulousains d’adopter la démarche “zéro déchet, zéro gaspillage”. La branche locale de Zero Waste, Zero Waste Toulouse, propose un quiz en ligne qui permet de déterminer la meilleure solution selon des critères individuels, ainsi qu’une carte des 27 composteurs collectifs à Toulouse. 

De leur côté, Les Alchimistes Occiterra aident à collecter et composter en circuit court grâce à leur réseau de vélo-remorques ou de véhicules légers. 

Que ce soient dans les habitations, dans les résidences ou dans les quartiers, les composteurs se font progressivement une place dans nos quotidiens. Une lente révolution, mais une révolution tout de même. 

Crédit photo : Alan Levine, CC BY 2.0 DEED