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Suite à l’annulation de l’élection de Joël Aviragnet (PS), les électeurs du Comminges glisseront à nouveau leurs bulletins dans l’urne les 11 et 18 mars prochains. Face à lui, Michel Montsarrat (LREM) avec qui il s’était retrouvé au coude à coude en juin dernier, mais aussi le candidat de la France Insoumise (FI), Philippe Gimenez qui pourrait jouer les trouble-fêtes.

La nouvelle avait eu de quoi faire rager le camp socialiste. Le 18 décembre dernier, le conseil constitutionnel annulait l’élection de Joël Aviragnet qui venait d’assurer ses premiers mois de mandature en tant que député du Comminges. En cause ? Un soupçon de fraude alors que 91 voix le séparent du candidat d’En Marche, Michel Montsarrat.

Le Conseil Constitutionnel motive sa décision en ces termes : « Le bureau de vote de la commune de Gensac-de-Boulogne, dans lequel 124 électeurs sont inscrits et où 64 votes auraient été exprimés au second tour, n’avait pas transmis la liste d’émargement à la préfecture à l’issue du scrutin, mais seulement un document qualifié d’« interne » sur lequel les membres du bureau de vote relevaient les noms des électeurs ayant voté. »

En outre, le Conseil Constitutionnel considère que 15 signatures sont irrégulières. En fait, il s’agit certainement d’avantage d’une négligence. Les excuses adressées « à l’ensemble des électeurs de la 8e circonscription et à M. Aviragnet candidat élu démocratiquement » par Daniel Sabathé, le maire de Gensac n’y changeront rien. Les cartes sont redistribuées. Une nouvelle campagne débute.

La 8ème circonscription de Haute-Garonne est une terre rurale, historiquement de gauche. Elle est le bastion de la présidente de région Carole Delga (PS). Autant dire que pour un Parti socialiste en pleine période de congrès et à l’agonie, l’élection de Joël Aviragnet revêt un enjeu crucial alors qu’il n’y a plus le moindre député PS dans la circonscription (huit députés REM, un MoDem).

Un défilé de personnalités politiques

Candidats à la présidentielle et autres personnalités politiques de premier plan fouleront les terres de la plus grande circonscription de Haute-Garonne, étendue sur 110 km entre le sud-ouest de Toulouse et le Luchonnais. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux est venu apporter son soutien à Michel Montsarrat le 31 janvier dernier. Carole Delga a enchaîné pour Joël Aviragnet  le 5 février dernier. La députée PS du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault apportera elle aussi son soutien le 20 février prochain… la veille de la venue de Jean-Luc Mélenchon pour Philippe Gimenez.

La candidate frontiste Marie-Christine Parolin qui ne devrait faire guère mieux que de la figuration verra tout de même débarquer Gilbert Collard, Louis Aliot, et peut-être même Marine Le Pen. Du côté de la France Insoumise, François Ruffin sera présent demain du côté de Saint Gaudens. Clémentine Autain et Eric Cocquerel devraient embrayer.

Du rififi chez les Marcheurs

« La huitième » est minée par 13,5% de chômage, 20% dans certaines zones urbaines reculées. Une caractéristique importante dans la sociologie électorale dont se serait bien passé En marche ! qui n’arrive pas à retirer l’image d’un Emmanuel Macron « président des riches ». Le mouvement de centre-droit n’a plus le vent dans le dos comme ce fut le cas les 11 et 18 juin dernier, dans la foulée des élections présidentielles avec la déferlante que l’on connaît sur le palais Bourbon. Le parti doté de la majorité absolue à l’Assemblée n’apparait pas des plus sereins localement.

En témoigne la controverse autour du directeur de campagne de Michel Montsarrat, Pierre Castéras dont l’ordinateur portable a été volé le 25 janvier dernier. Cette mésaventure banale a pourtant réveillé une partie de l’équipe d’En Marche qui estime que Castéras traîne des pieds pour cette campagne. Bien qu’il ne devrait pas être évincé au vu de l’image désastreuse qui en découlerait, certains de son camp avancent même qu’il travaillerait à la défaite de son candidat pour récupérer la circonscription en 2022. Ambiance…

Et si le vrai duel était entre le PS et la FI ?

« Celui qui me dit que le candidat de gauche qui passe au second tour sera élu député, est loin d’être con », nous lance un membre de l’équipe de campagne de la France Insoumise. Et pour cause, alors qu’on constate un essoufflement net de la part d’En Marche, la véritable bataille pourrait se jouer entre Joël Aviragnet et Philippe Gimenez.

Alors que la circonscription était déjà colorée PS au siècle dernier, la candidature Insoumise pourrait apporter son grain de sel, forte d’une présence remarquée de ses 17 représentants au sein de l’hémicycle. En somme, pour les deux candidats de gauche, le plus dur pourrait être de passer le second tour… avant d’ensuite rafler la mise face au candidat macroniste ? Un scénario loin d’être improbable, d’autant que lors des législatives partielles, la participation est souvent divisée par deux.

La campagne FI se lance véritablement ce jeudi 15 février avec la venue de François Ruffin à St Gaudens  (réunion avec des agriculteurs suivie à 18h d’un match de foot, et à 20h30 d’une réunion publique), puis de Mélenchon entrecoupée par trois journées de porte à porte étalées entre fin février et début mars. Une méthode électorale exigeante en forces militantes mais qui avait fonctionné dans la 1ère circonscription de la Somme. Nul doute que Philippe Gimenez aimerait aussi imiter le réalisateur de Merci Patron ! dans le scénario : François Ruffin avait défait les candidats PS et FN au premier tour, avant de venir à bout de celui d’En Marche.