Samedi 12 mars, près de 150 marches pour le climat ont eu lieu partout en France. Malgré le mauvais temps, plusieurs centaines d’écologistes ont foulé le pavé à Toulouse. Les manifestant.e.s regrettent l’absence de la crise environnementale dans les débats à la veille de l’élection présidentielle.

Le mot d’ordre de la mobilisation, “look up!”, qu’on pourrait traduire par “ouvrez les yeux!”, est une référence au film à succès Don’t look up sorti en décembre. Ce long métrage évoque le déni des sphères politiques, médiatiques et économiques face à la destruction imminente de la terre par une météorite géante. Cette dernière symbolise assez explicitement la crise environnementale.

Le thème fait évidemment écho à l’incapacité de l’écologie de peser dans la campagne présidentielle française en dépit de la gravité de la situation. Le dernier rapport du Giec, publié il y a trois semaines dans l’indifférence générale, a bien montré la faible influence actuelle du mouvement climat dans le débat public.

Timing malheureux effectivement puisque la guerre en Ukraine a complètement invisibilisé le sujet. Les deux actualités sont pourtant liées selon Régine Lange, militante de France Nature Environnement. “Cela met en valeur nos problèmes de dépendances internationales aux énergies fossiles.”

Pour Régine et beaucoup d’autres, “le quinquennat Macron est celui de l’inaction climatique, le prochain celui de la dernière chance.” À noter la présence du NPA, de EELV et de la France insoumise, trois partis qui font une large place à l’écologie dans leurs programmes. Comme beaucoup de gens, Ismaël, 18 ans, militant pour l’Union populaire, voudrait que “l’écologie soit le premier sujet de ces présidentielles”. Le mouvement écologiste démontre ainsi son ancrage de plus en plus à gauche dans le spectre politique français. La campagne d’Anv Cop 21 dénonçant les candidat.e.s de droite depuis Macron jusqu’à Le Pen comme dangereux.se pour le climat est en cela symptomatique.

Modérés et radicaux, la division du mouvement climat

Des colleur.euses d’Extinction Rébellion se donnent à cœur joie en bord de cortège. Crédit : Elie TOQUET

Pourtant les écologistes se divisent quant à la stratégie à adopter. La partie modérée des manifestant.e.s voudrait sensibiliser davantage le public pour que tout le monde adopte une consommation respectueuse et des demandes exigeantes envers les responsables politiques comme témoigne le discours de Greenpeace en début de manifestation.

D’autres, principalement des jeunes comme Basile ou Léa s’affirment plus radicalement. Selon Léa « il faut aller beaucoup plus loin et investir les mouvements de désobéissance civile comme extinction rébellion ou d’avantage car les dirigeant.e.s politiques et économiques n’agissent visiblement pas sans rapport de force. » C’est l’une des tendances déjà observées en 2018 par les sociologues Maxime Gaborit et Yan Le Lann dans leurs enquête sur les Marches climatLa critique du système capitaliste, déjà très présente, s’est approfondie, y compris chez les plus modérés”. Un mouvement qui se durcit alors que son message peine à se faire entendre.

Légende photo : le cortège placé sous le mot d’ordre « Look up » / Crédit : Elie TOQUET

journaliste : Elie TOQUET