Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes et des minorités de genre, a mis en effervescence les collectifs féministes, les étudiants et professeurs de la faculté de Travail social de l’université madrilène.

Elles s’appelaient Mary Cover Jones, Brenda Milner, Mamie Philipps Clark, Ana Freud Bernays. Les travaux académiques qu’elles ont menés ont fait avancer grandement la science de la psychologie. Pourtant, leurs noms ont été invisibilisés, au profit de ceux de leurs pairs masculins. En ce 8 mars 2022, Journée Internationale des droits des femmes, les étudiants et le corps professoral de la faculté de Travail Social de l’Université Complutense de Madrid ont décidé de leur rendre hommage. Des pancartes présentant leurs travaux ont été installées à l’entrée de l’établissement. D’autres arborent des dessins caricaturaux, des blagues, des stéréotypes et des expressions à caractère sexiste. Virginia Jimenez Rodriguez, vice-doyenne des études et de l’innovation, pointe du doigt l’image d’un chien collée en dessous des mots « chien » et « chienne ». « Même si l’image est la même pour le masculin et le féminin, la signification est différente. Et elle est toujours péjorative pour le féminin », estime-t-elle. Un banc rouge a également été aménagé au sein de la faculté. L’inscription peinte sur le dossier, « la violence n’est pas notre destin », fait référence au 25 Novembre, Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Par le biais des pancartes, étudiants et professeurs ont voulu dénoncer la violence et la banalisation du sexisme, en misant sur la pédagogie et la visualisation d’images, plus impactant selon Virginia Jimenez Rodriguez.

(La faculté souhaite dénoncer les violences faites aux femmes par l’installation d’un banc rouge, sur lequel est inscrit « la violence n’est pas notre destin ». Photo/Marine Lion)

(Des caricatures dénoncent le sexisme subi par les femmes au quotidien. Photo/Marine Lion)

Néanmoins, ces actions sont jugées insuffisantes par Paula, étudiante et membre d’une association féministe de l’université Complutense. « Ils veulent montrer que l’université est progressiste. Mais s’ils voulaient prendre une mesure véritablement utile, il faudrait qu’ils mettent en place par exemple un protocole anti-harcèlement pour protéger les étudiantes », considère-t-elle. Les associations étudiantes ont décidé de mener des actions indépendamment de la faculté. La veille, le 7 mars, une manifestation à travers le campus a été organisée pendant les heures de cours. Les étudiantes se sont ensuite enfermées au sein de la faculté de sciences politiques pendant la nuit pour animer des espaces de débat, fabriquer des pancartes et bloquer les portes de l’établissement le lendemain matin, afin que les cours soient annulés. Elles considèrent en effet que le 8 mars devrait être un jour férié.

Le Jour J, les collectifs féministes de l’université ont incité les étudiants à participer à la manifestation dans le centre-ville de la capitale espagnole, organisée par la Comisión 8M Madrid. Une manifestation qui aurait rassemblé environ 50 000 personnes selon le gouvernement madrilène, 100 000 selon les organisations féministes.

Photo mise en avant : Marine Lion

Marine Lion