Grandes stars du 14 février, les roses rouges représentent une importante partie du chiffre d’affaire des fleuristes. Pourtant, lorsque les stocks ne sont pas épuisés, où finissent les fleurs ? Les commerçants sont-ils obligés de les jeter ? À Madrid, rencontre avec plusieurs professionnels du centre-ville.

« Ah mon ami ! Les affaires, c’est dans ce que tu ne jettes pas ! » lance Mariano. Ce fleuriste madrilène est clair, pour ne rien jeter, il faut anticiper les quantités : « Les fleurs que tu achètes sont de ta propre responsabilité. Dans tous les cas, on jette toujours quelque chose ». Une expérience qui s’acquiert avec le temps, confirme aussi Rafael, autre commerçant du centre-ville. Dans le jardin de sa boutique El ángel del jardin, entouré de ses créations et compositions florales, il est plus optimiste. Les années permettent d’apprendre et de préciser quelles quantités acheter et pour quels types de fleurs. « Par chance, il ne nous en reste quasiment jamais ! », se réjouit-il lorsqu’il fait le bilan au lendemain de la fête des amoureux.

« Les fleurs que tu achètes sont de ta propre responsabilité »

Dans la boutique Acre du centre-ville piéton de Madrid, la Saint-Valentin représente 25 % du chiffre d’affaire mensuel. Pour Raul le propriétaire, le commerce marche bien, entre autres grâce à sa bonne réputation : cette année, ils ont vendu tous les stocks de fleurs sèches et fraîches, même en ayant du recommander auprès de ses fournisseurs hollandais et de Murcie (sud de l’Espagne).

Des alternatives anti-gaspillage possibles

Il y a deux ans, la boutique de Raul s’est mise à collaborer avec l’entreprise Too good to go. Cette application permet de revendre à prix cassés et à la fin de la journée, les invendus ou les produits les moins présentables à la vente.

Habituellement, les établissements qui travaillent avec Too good to go sont les boulangeries/pâtisseries, les boutiques de fruits et légumes ou les supermarchés. La boutique Acre de la chaîne Florea est le premier fleuriste d’Espagne à travailler avec cette plateforme anti-gaspillage : « Ici, pas de gâchis ! » assure Raul. Il est important pour lui de proposer des produits de bonne qualité, respectueux de l’environnement et un maximum locaux.

Une solution qui ne convainc pas Mariano. Selon lui, la fleur a une durée de vie trop courte pour pouvoir être vendue à moitié prix. « Si la fleur disparaît le lendemain, ça n’a pas d’intérêt. La fleur que tu emportes parle de toi », conclue-t-il. Pour Mariano, il serait plus pertinent d’appliquer ce genre de mesures à des plantes avec des défauts de vente mais toute leur vie devant elles.

Les fleurs, des produits de loisir

Les jours suivants la Saint Valentin sont aussi un moyen d’écouler les stocks. À Acre, plusieurs offres et promotions sont appliquées. Pour le commerce de Rafael, le jour d’après compte aussi dans la réduction du gaspillage des fleurs : les plus tête-en-l’air ou les retardataires continuent d’acheter des bouquets.

Il est important de se rappeler de l’impact écologique de la culture des fleurs. Ces produits – « non pas de nécessité mais de loisir », comme le rappellent à plusieurs reprises les fleuristes – sont traités aux pesticides et assez peu cultivés en Europe. Il est tout aussi important de se rendre compte du gaspillage engendré après le 14 février. Même si des solutions existent, elles ne sont pas encore généralisées et dépendent de l’estimation et de l’expérience personnelle de chaque artisan.