Ce dimanche 12 avril a lieu la fête de Pâques. L’occasion, habituellement, de faire le plein de chocolat et d’organiser la célèbre chasse aux œufs. Mais cette année, le coronavirus est venu perturber les traditions. À Toulouse, les artisans chocolatiers s’organisent pour satisfaire au mieux leur clientèle, malgré la situation.

C’est un coup dur pour les artisans chocolatiers, pour qui cette période de l’année est l’une des plus importantes, après Noël. Cette semaine « représente entre 25 et 30% de notre chiffre d’affaire annuel » explique Claire Castan, de la Maison Castan Chocolatier à Toulouse. Selon Frédéric Chambeau, président de la confédération des chocolatiers de France, « si on sauve 30% d’une Pâques habituelle, ce sera déjà bien ».

Chez les professionnels du cacao, les fêtes de Pâques s’anticipent longtemps à l’avance. Claire Castan explique : « Pâques c’est beaucoup de moulages, de petites fritures, de chocolat avec une longue durée de vie ». La fabrication commence donc dès la fin du mois de janvier, « on était en train de les terminer quand les annonces de confinement sont arrivées », souffle-t-elle. Depuis trois semaines, elle a donc décidé d’arrêter sa production, mais 80% de ses stocks étaient déjà constitués. À la pâtisserie Gâteaux et Chocolat Antoine Fornara, le constat est le même. Après avoir stoppé la production dans un premier temps, la décision a ensuite été prise de produire de nouveau mais « petit à petit pour qu’il y ait un peu de tout mais pas trop », explique Antoine Fornara.

Les chocolatiers se réinventent

Les artisans du chocolat doivent alors se montrer créatifs : vente en ligne, livraison à domicile ou en points relais… « Ce qui sauve les artisans, c’est les sites internet », livre le responsable de La Compagnie du chocolat. Dans son commerce, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 98% de ses ventes proviennent d’internet, contre 2% en magasin. « C’est totalement l’inverse de ce qu’on connaît », déclare-t-il.

Claire Castan estime avoir eu de la chance dans son malheur. Elle avait commencé à mettre en ligne sa e-boutique au mois d’octobre, « ce n’est pas un outil que l’on peut mettre en place en 10 jours » confie-t-elle en riant. Son site internet est alors devenu son « outil essentiel » du moment. Elle a notamment créé un mode « à emporter sans contact ». « Je pose la commande sur le rebord de la fenêtre et les clients peuvent repartir de suite, donc sans entrer dans le magasin », détaille-t-elle. Des livraisons par colissimo sont aussi envisagées, selon la distance. Un mode d’action inenvisageable par Antoine Fornara qui ne peut se « démultiplier entre la boutique et la livraison ». Alors, chez lui, « tout est en vente directe au magasin ».

Un strict respect des gestes barrières

La boutique de Claire Castan, dans le quartier Saint-Exupéry, reste ouverte, en revanche « faire ses horaires habituels dans ces consignes de restrictions ne serait pas approprié », alors elle a réduit ses heures d’ouverture, tout comme Antoine Fornara. Ce dernier a ouvert sur des demi-journées. « On a beaucoup moins de personnel que d’habitude, pour des mesures de sécurité et d’hygiène, pour le respect des gestes barrières » explique-t-il.

Les deux artisans chocolatiers appliquent dans leurs magasins respectifs les consignes sanitaires en vigueur. En ville, la deuxième chocolaterie de Claire Castan, ne reste ouverte qu’une heure ou deux dans la journée, les clients peuvent y récupérer leurs commandes à l’intérieur de la boutique, « mais un par un ». Mêmes consignes dans l’une des boutiques d’Antoine Fornara. Dans l’autre, place des Minimes, où le magasin est plus grand, « c’est trois clients à la fois ».  Du côté de l’espace vente, sa pâtisserie est équipée : « on a tiré un filtre polyuréthane pour protéger, on a des masques, on fait comme on peut avec les moyens du bord. »

Une nouvelle vie pour les invendus ?

Les œufs et les lapins de Pâques sont éphémères. Ils ne pourront malheureusement pas être vendus à la levée du confinement. Plusieurs options s’offrent alors aux artisans chocolatiers concernant les stocks restants. Certains ont choisi d’en faire don au personnel soignant, aux hôpitaux, aux Ehpad… D’autres vont opter pour l’option de la refonte, afin de récupérer le chocolat des œufs de Pâques. Mais la solution est loin d’être idéale lorsque l’on considère la main d’oeuvre et l’argent qui ont été nécessaires à la confection.

Antoine Fornara n’aura pas à se poser la question. Il a ressenti les conséquences de la crise jusqu’à la semaine dernière mais là, à l’effet inverse, il confie « on commence à se retrouver un petit peu à court de chocolat ». Il explique « beaucoup de mes confrères sont fermés, et le peu de chocolatiers-pâtissiers, comme moi qui sont ouverts, voient une grosse affluence dans leurs magasins ». Suite au ralentissement de ses productions lors des annonces de confinement, il aura, finalement, vendu tous ses stocks. Un retournement de situation quelque peu « problématique » selon lui, mais tout de même positif.