Après la trêve hivernale, les expulsions reprennent à Toulouse comme ailleurs. Particulièrement présente dans la Ville rose, l’association Droit au logement (DAL) aide les personnes en difficulté dans leurs démarches pour trouver un logement pérenne.

Chaque année, la période allant du premier novembre au 31 mars offre un répit aux locataires en difficulté de paiement. Au titre de l’article L613-3 du code de la construction et de l’habitation, aucun locataire ne peut être renvoyé pendant la période hivernale. La trêve hivernale terminée, des milliers des personnes risquent à nouveau de se retrouver sans toit.

En 2017, 126 000 décisions d’expulsion ont été prononcées, dont plus de 120 000 pour impayés locatifs selon le dernier bilan annuel de la Fondation Abbé Pierre (FAP). La même année, 15 547 ménages ont été expulsés avec le concours de la force publique, dernière étape si aucune solution n’est trouvée.

« Un record historique », déplore la FAP.

Depuis le dimanche 31 mars, date de la fin de la trêve hivernale, les expulsions ont repris. Sébastien Oget, 50 ans, en fait partie. Il y a dix ans, il perd sa maison dans un incendie. Du statut de propriétaire, il se retrouve à dormir dans sa voiture.

Avec une dette de 1 400 euros, ce chômeur qui vit avec 650 euros d’indemnités depuis avril 2018 pour un loyer de 400 euros, a du mal à boucler les fins de mois et honorer ses engagements. La coupe de 5 euros par mois entrée en vigueur le premier octobre 2017 des Allocations personnalisées au logement (APL) et leur gel impactent directement sa situation.

Il finira par trouver un logement social à Toulouse. Enchaînant des petits boulots précaires, Sébastien se serre la ceinture pour payer son loyer.

« Je vis avec ma fille de 11 ans, à qui je paye seul la cantine scolaire, les transports, les repas et on vient me mettre à la porte avec elle. Ce n’est pas normal », s’exaspère-t-il.

Malgré ses énormes difficultés, Sébastien fait preuve de générosité et n’hésite pas à venir en aide aux autres. Il consacre son temps libre au collectif SDF Toulouse dont il est le porte-parole depuis quelques années. Un collectif qui s’occupe du droit des personnes à la rue. «  Je fais beaucoup de bénévolat, j’aide les autres, mais moi même ayant des problèmes, je risque de me retrouver dans la rue » raconte-t-il d’un air angoissé.

Accompagnés par l’association Droit au Logement (DAL), les futurs expulsables se sont rendus début avril devant la préfecture de Haute-Garonne à Toulouse afin de discuter de  potentielles solutions. Sans domicile fixe à partir du 9 avril, Sébastien regrette qu’aucun dialogue ne soit envisageable. Excepté quelques informations liées à leurs droits, la préfecture n’a émis aucune promesse de relogement à l’adresse des sept personnes réunies, pour demander à l’Etat de les soutenir dans leur démarche. Tous en situation de grande précarité, ils sont pourtant prêts à travailler afin de retrouver une situation de stabilité.     « Je veux retrouver du boulot, et demander un rééchelonnement de ma dette » explique Sébastien.

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Le DAL a justement pour mission de rappeler à l’Etat ses obligations et proposer d’autres recours à ces personnes accidentées de la vie. Comme le rappelle Anaïs, militante au DAL, « il suffit de quelques loyers de retard pour se retrouver en situation d’expulsion parce que tous les dispositifs en place n’ont pas fonctionné ». De plus, il y a un manque criant de logements sociaux d’après l’association et la militante.

« 75% des demandeurs de logements sociaux sont éligibles aux logements très sociaux alors qu’actuellement ceux-ci ne représentent que 25% du parc social total », explique Anaïs.

Quant à  Sébastien, son relogement est suspendu à la décision du tribunal administratif qui accèdera ou non à sa demande d’un nouveau logement social.