Mercredi 6 février, Place Publique, mouvement qui a pour ambition de réunir la gauche, organisait son premier « grand rassemblement » à l’espace Cobalt à Toulouse. Ses fondateurs, l’écologiste Claire Nouvian, l’essayiste Raphaël Glucksmann et l’économiste Thomas Porcher étaient réunis aux côtés de Carole Delga, présidente de la région Occitanie.

Lancé le 15 novembre 2018 par quelques figures intellectuelles et politiques de la gauche, le mouvement Place Publique se donne la lourde tâche de réunir les différentes sensibilités autour de thématiques communes. L’écologie, la lutte contre le libéralisme et la montée des nationalismes en Europe, la solidarité ou encore la démocratie sont au programme. Outre les trois figures médiatiques, Raphaël Glucksmann, Claire Nouvian et Thomas Porcher, se sont relayées à la tribune d’autres personnalités. Les membres du comité local de Place Publique et la présidente de la région Occitanie Carole Delga étaient également présents pour porter le message de l’union de la gauche. La salle est presque comble et le public conquis.

« Offrir un autre choix »

Ecrire une autre histoire pour répondre à l’exigence du rassemblement de la gauche et proposer un autre choix fondé sur les valeurs de solidarité, d’écologie et de démocratie. Tel est le leitmotiv de Place Publique. Une liste de dix points a été développée, avec entre autres l’écologie avant l’austérité, la suspension du CETA et des nouveaux traités de libre-échange, la lutte contre les paradis fiscaux, contre les lobbys et contre les grandes coalitions avec la droite au Parlement européen. Ces thèmes doivent servir de colonne vertébrale à un éventuel rassemblement.

« On ne sera jamais une chapelle de plus. A chaque élection, on va poser des idées sur la table et essayer de faire en sorte qu’il y ait une convergence autour de ces idées pour gagner », précise Raphaël Glucksmann. Il poursuit :

« La politique n’est pas une affaire d’écurie électorale, c’est aussi un endroit où on produit de la pensée, quand on regarde l’histoire, les grands partis étaient aussi des universités populaires ».

Croire au rassemblement de la gauche

« Le pouvoir est possible par l’union de la gauche et je pense qu’on a besoin de toutes les sensibilités, des écolos, des communistes, des socialistes, des radicaux de gauche. Notre majorité est ainsi faite à la région, et l’avenir est à l’union de la gauche », indique la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. Elle continue : « dans la société française, il y a beaucoup de divisions et nous devons donner l’exemple en étant en capacité de rassemblement pour donner l’espoir au peuple ».

Sébastien, 40 ans, est un ex-militant d’En Marche. Il se dit « déçu » par les promesses non tenues du président Emmanuel Macron et décide de rejoindre Place Publique en novembre, dès la naissance du mouvement. « Les logiciels sont complètement sclérosés et on n’arrivait pas à avoir des débats de fond ensemble au mouvement En Marche! »

« Avec le contexte social actuel marqué des Gilets jaunes, Place Publique est une opportunité d’apprendre à s’écouter et à construire des choses ensemble », précise Sébastien.

Des militants de gauche partagés entre scepticisme et dégagisme

Des sympathisants de gauche aux profils différents se retrouvent à la rencontre. Ils ne partagent pas tous les mêmes stratégies et ne sont pas prêts à sauter le pas pour autant et rejoindre le mouvement. Fabrice, 37 ans, a voté pour Jean-Luc Mélenchon à la dernière élection présidentielle. Il explique : « Place Publique tente de rassembler la gauche, ça donne un peu d’espoir, mais je ne suis pas convaincu à 100% et je ne sais pas quel bulletin je mettrai pour les européennes ».

Conseiller municipal PS à la mairie de Portet-sur-Garonne et militant depuis 40 ans, Bernard Bourdjade s’inquiète du discours du mouvement, qui suscite chez lui un sentiment de rejet : « Si Place Publique arrive à fédérer, on ne peut que continuer avec eux mais après il risque d’y avoir du dégagisme. Macron, il l’a fait et il ne faudrait pas que Place Publique reprenne le pas sur la gauche, c’est ce que je crains ».

Place Publique tente donc sa percée dans une ville plutôt marquée à gauche, mais la tâche ne semble pas être facile. Le rassemblement des gauches devrait constituer un défi de taille pour le mouvement.

Avec Gassim Cherif