Rentrée oblige, une première réunion publique des “Jeunes avec Macron” avait lieu mardi 27 septembre au bar L’Atelier de l’écharpe. L’occasion de présenter ce mouvement d’à peine un an, qui attise déjà la curiosité des moins de 30 ans.

La présentation devait débuter à 18h30, mais trente minutes plus tard, toujours pas un « badgé » sur le podium. Au sous-sol du bar L’Atelier de l’écharpe, situé dans le quartier toulousain d’Esquirol, certains commencent à s’impatienter. « En plus on ne va rien entendre, avec la clim », se lamente un impatient avant d’avaler deux gorgées de bières.

70% de primo-engagés

Ils étaient ce mardi une petite quarantaine à s’être rassemblés dans ce lieu branché pour la-dite « réunion publique Jeunes Avec Macron ». Une première présentation rapide du mouvement de soutien à Emmanuel Macron, à quelques mois seulement des élections présidentielles auxquelles l’ancienne ministre de l’Economie ne s’est toujours pas officiellement déclaré candidat.

Chemises sans cravate, sweat-shirts, jeans ou chinos, baskets en toile vissées aux pieds, les admirateurs de l’homme politique ne semblent pas ici dépasser les vingt-cinq ans. Ils discutent, sur fond de musique pop, de leurs derniers devoirs de sciences politiques, ou de la probabilité de voir se présenter en mai 2017 Christiane Taubira, qui, pour l’un d’entre eux, est « censée incarner encore un peu la gauche sociale ».

« Excusez-moi, on va commencer », interrompt alors un grand jeune homme. Badge sur la poitrine, il monte sur une petite estrade coincée sous un escalier en colimaçon, avant de laisser la parole à l’un de ses acolytes.

Ce dernier souhaite la bienvenue à tous. Léo a 18 ans, vient d’entamer une première année de droit, mais il est déjà coordinateur du mouvement “En marche”et des “Jeunes avec Macron” dans la ville rose. C’est la première fois qu’il s’engage politiquement, comme beaucoup de soutiens d’Emmanuel Macron : “70% des adhérents sont des primo-engagés” affirme-t-il ainsi. Pour lui, le programme se résume en quatre points, qu’il énumère scolairement : “le travail, l’Europe, le libéralisme, et les valeurs humanitaires”. Mais plus que ces simples idées, c’est le fonctionnement du mouvement qui semble l’avoir poussé à se lancer dans la politique.

Dépasser le clivage gauche-droite

“On n’est pas un fan-club, on veut faire des débats, engager un renouveau politique, une nouvelle dynamique, avec une politique plus responsable”, raconte-t-il, avant d’ajouter, qu’il n’est pas là “juste pour défendre les idées de Macron”. Léo explique aussitôt que chaque adhérent peut rédiger une note, qui sera remontée jusqu’à Paris sur le thème de son choix. Des conférences-débats sont aussi prévues à cet effet sur Toulouse. Il devrait y en avoir une par semaine, ou peut-être “une tous les quinze jours”. De quoi ravir Géraud, étudiant en master de sciences politiques de 22 ans, et référent adjoint de “Jeunes avec Macron”. “Il faut prendre les bonnes idées qui viennent, et les rassembler, dit-il, les yeux rivés sur ses fiches bristol. Nous on va à l’écoute des Français, contrairement aux [autres] politiques qui restent à la télévision. On construit quelque chose avec eux, et c’est ce qui nous différencie des partis traditionnels”.

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Pour autant, Géraud, comme les autres militants présents ce jour-là, ne nie jamais s’inspirer de ces partis qu’il juge sévèrement, bien au contraire… Là encore, il estime que l’intérêt serait de piocher dans chacun d’entre eux les meilleures propositions, puis d’en constituer une savoureuse compilation qui dépasse “le clivage gauche-droite”. Les jeunes soutiens d’Emmanuel Macron ont d’ailleurs parfois bien du mal à s’exprimer sur les positions du potentiel candidat, dont on nous glisse à un instant qu’il aurait été “premier ministre” [sic]. “On ne vend pas un candidat, on vend des idées”, justifie à ce propos Géraud, qui admet à demi-mot ne pas voir en l’ancien membre du gouvernement “un homme providentiel”.

Se “rafraîchir politiquement”

Bière à la main, trois jeunes hommes discutent sur le trottoir. Ils sont en fin d’étude ou tout juste diplômés de droit ou d’école de commerce. Surtout, ils sont venus “par simple et pure curiosité”, après avoir entendu parler de cette soirée sur Facebook. Tous trois songent déjà aux élections présidentielles présidentielle, comme Geoffrey, qui s’avoue un peu perdu dans la jungle politique : “même si ça semble assez clair chez Les Républicains et le Parti socialiste, ça n’a jamais été aussi flou pour les adhérents de ces partis et pour les Français en général. A titre personnel, je voulais me rafraîchir politiquement, et voir comment un parti qui se veut différent, rentre dans le jeu politique ou pas… ».

Pierre, lui, se réclame d’une “gauche extrême” et voulait appréhender le phénomène Macron en-dehors du prisme médiatique. “Je ne suis pas convaincu et je ne le serais sans doute jamais mais j’avais envie de venir voir par moi-même”, sourit-il.

Le bilan de la soirée des “Jeunes avec Macron”, selon Geoffrey ? “Ils se sont présentés, on est qui, on fait quoi, on est jeunes, on veut aller sur les marchés, on veut taper aux portes, pas pour donner notre programme mais pour parler aux Français.. Ok ok c’est bien, c’est que des belles idées de toutes façons… Tout le monde est bienveillant ici c’est ça qui est super. Mais voilà, je pense qu’on est pas obligé d’être fleur bleue quand on est jeune, si ça ne va pas on peut le dire”, résume-t-il d’un ton désabusé.

Marie Desrumaux et Perrine Signoret