Jeudi 24 janvier. 20h. Salle du Pont des demoiselles, au bord du Canal du Midi. Une douzaine de personnes se réunit pour le débat du soir organisé par Bernard, animateur d’un comité local de La République En Marche (LREM). Au programme: démocratie, citoyenneté organisation de l’État. Un débat sans vraie contradiction et sans Gilet jaune. 

Claude, son ami et un autre retraité, les seuls à ne pas être adhérents LREM, ont poussé la porte de la salle, animés par l’envie de participer à ce grand débat national, lancé le 15 janvier dernier par Emmanuel Macron. C’est en cherchant sur internet les événements toulousains prévus qu’ils ont découvert cette réunion du Comité « Toulouse In ». S’il s’inscrit dans le cadre du grand débat, l’événement n’a été relayé que sur le site de LREM.

Gilets jaunes, les grands absents ?

« Les gilets quoi ? » fait mine de s’interroger Gilles lorsqu’ils sont évoqués pour la première fois autour de la table, suscitant les rires de l’assemblée. Étonnamment absents des discussions au cours de la soirée, ils sont évoqués quand viennent les questions relatives au référendum. Les débatteurs ne souhaitent pas leur multiplication au niveau national mais au niveau local. Ils soutiennent toutefois l’idée d’un référendum possible lorsqu’il est prôné par plus de deux millions de citoyens et un tiers des élus. L’Affaire du Siècle, une pétition de soutien à l’attaque en justice contre l’État lancée, entre autres, par GreenPeace, leur sert d’exemple. 

Emmanuel Macron lui, est soutenu par la plupart des participants. Elisabeth, adhérente de La République En Marche depuis ses débuts, l’affirme à la fin de la soirée: « Il est revenu à ce qui fait sa force ». 

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Un débat toulousain qui démarre timidement

Après une brève présentation de chacun des participants et une invitation à se servir au buffet (rempli par tout le monde), Bernard annonce l’ordre du jour. Il revient sur le lancement du grand débat, ses modalités et sa synthèse. La question de la finalité et des modalités du rassemblement de toutes les contributions reste floue pour les participants. F. R., informaticien, a entendu dire que des modalités d’analyse informatique des contributions au débat public vont être adoptées. Autour de la table, on se demande bien comment cela pourra être possible. Du côté de La République En Marche, Bernard précise qu’un débat interne est organisé, pour que le mouvement puisse faire des propositions à l’issue du grand débat.

Dans la région, les débats ne sont pas encore très nombreux, ce que déplore Sylvie, une marcheuse « de la première heure ». Très enthousiasmée par l’idée du grand débat, elle souhaiterait avoir aussi l’occasion de discuter avec des citoyens qui ne sont pas membres de La République En Marche pour plus de confrontations d’idées. Bernard reste optimiste : le grand débat a été lancé il y a moins de deux semaines, il n’y a pas encore lieu, pour l’instant, de s’inquiéter du faible nombre de débats organisés dans l’agglomération toulousaine.

« Un des objectifs du grand débat, c’est de débattre »

Tous les participants ont déjà, pour la plupart, jeté un œil aux kits ressources mis à disposition sur le site du gouvernement. Dans toutes les bouches, revient le problème de certaines questions « un peu trop compliquées pour le Français moyen ». Gilles, membre d’un autre comité La République En Marche, a déjà participé à un débat et appuie l’idée de faire appel aux « experts » pour pouvoir répondre à certaines interrogations mises en lumière dans les questionnaires thématiques. Sylvie propose de suivre le questionnaire sans s’y limiter et de se sentir libre d’en sortir en débattant : « Un des objectifs du grand débat, c’est débattre ». Pour plus d’efficacité, Bernard propose de se répartir en deux groupes. Chacun discutant d’un des deux thèmes de la soirée avant un compte-rendu collectif. Pas question de trop s’éparpiller : chaque groupe est animé par une personne pendant qu’un « rapporteur » prend des notes en vue du compte-rendu.

 

Le kit « Démocratie et Citoyenneté » (Juliette Barot)

Démocratie et citoyenneté : de vastes sujets

Le troisième thème, auquel s’attellent Gilles, Claude et Aboubacar, entre autres, autour d’un verre de vin blanc, est vaste. Il s’agit de « démocratie et citoyenneté »La question du vote anime le débat et cristallise les quelques désaccords. Julien prône le vote obligatoire, sur le modèle belge, allant de paire, selon lui, avec la comptabilisation du vote blanc. Claude s’oppose à cette idée d’obligation : « Pour moi c’est l’éducation qui compte ». Son ami insiste sur l’importance d’une « instruction civique dès le plus jeune âge » pour redonner le goût d’aller voter. Ils s’accordent néanmoins sur la nécessaire prise en compte du vote blanc. Tout le monde souhaite aussi instaurer une part de proportionnelle aux élections législatives, régionales et municipales. La participation des citoyens à la vie politique sous la forme de tirage au sort sur le modèle des jurés de cours d’assise est aussi évoquée avec enthousiasme.

Quand se pose la question du cumul des mandats, Julien affirme : « Le problème n’est pas dans le cumul des fonctions mais des salaires ». Les participants trouvent tous que les élus sont déconnectés du terrain, particulièrement les députés. Pour Gilles, c’est lié au non-cumul des mandats sur lequel il faudrait revenir, pour retourner à la figure du député maire. En effet, selon les débatteurs, le maire est le politique le plus proche du terrain et qui représente le mieux ses administrés. Quant au sénateur, une question revient à plusieurs reprise : à quoi servent-ils ?

Après trois heures de débat, aucun des deux groupes n’a eu le temps à répondre à la totalité des questionnaires mais il faut rendre la salle. Bernard plaisante: « On se retrouve demain? »