Alors que l’orientation est en pleine réforme, la loi du 5 septembre 2018 pourrait bouleverser l’avenir des Centres d’Information et d’Orientation (CIO) de la région toulousaine, comme de toute la France.
Les CIO sont directement concernés par la loi « Liberté de choisir son avenir professionnel » issue du conseil des ministres du 27 avril 2018. Le texte législatif prévoit de fermer les établissements d’orientation pour installer les psychologues de l’Education Nationale, nouvelle appellation des conseillers d’orientation, dans les lycées.
Dans l’Académie de Toulouse, 22 centres d’orientation quadrillent le territoire. Ces établissements accueillent des collégiens, lycéens et étudiants. Ils proposent un suivi personnel avec un psychologue (conseiller d’orientation), et des informations sur les parcours et professions. La Haute-Garonne détient le record avec six de ces centres, dont quatre à Toulouse. Il faut dire que le département regroupe 46,5 % des collégiens et lycéens de l’Académie à la rentrée 2018.
En amont, la loi a suscité un certain nombre d’inquiétudes, c’est notamment le cas au Sénat. En mai dernier, certains sénateurs questionnent le gouvernement sur le rôle des CIO dans la mise en lien des jeunes avec des partenaires extérieurs à l’Education Nationale. La situation des élèves exclus, décrocheurs ou phobiques scolaires est aussi soulevée. La loi sur la « liberté de choisir son avenir professionnel » a été promulguée le 5 septembre 2018. Mais le Conseil Constitutionnel, saisi le 4 août 2018 par au moins 60 députés et 60 sénateurs, a censuré les dispositions concernant les CIO car il a considéré qu’ils constituaient des cavaliers législatifs (dispositions jugées sans rapport avec la loi).
Cependant, seul le décret de mise en oeuvre de la loi en janvier prochain permettra de sceller l’avenir des CIO. Anne Jacob, directrice du Centre du Mirail à Toulouse, déplore une situation inquiétante: « C’est au CIO que nous pouvons rencontrer les parents des jeunes, pas dans l’établissement scolaire ». Dans le secteur de l’Ouest et du Sud-Ouest Toulousain, 475 élèves sont déscolarisés. La psychologue d’orientation ajoute: « Que vont-ils devenir? ».
La fermeture des CIO n’est pas la seule inquiétude. Selon le texte, c’est la région qui délivre l’information nécessaire sur toutes les voies de formation aux élèves et aux étudiants, et non plus l’Etat. Un manque d’interactions entre les deux niveaux risque de rendre l’orientation des élèves et étudiants encore plus problématique.
Des inégalités pourraient survenir entre les régions, selon les formations et parcours disponibles localement. « Pour les jeunes en Occitanie je ne m’inquiète pas, car il y a une diversité d’offres de formation, mais d’autres pourraient en pâtir.« Pour Anne Jacob, ce système ne peut pas se substituer au travail des psychologues d’orientation. « Informé ne veut pas dire bien orienté ! ».
Eva Sannino